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​58 % des salariés ne posent pas d’arrêts maladie alors que leur situation le nécessite

22 Juin 2023
Antoine Balduino
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Alors que le président de la République appelle de ses vœux un « pacte de vie travail » et que la question du remboursement des arrêts maladies agite la sécurité sociale et le patronat, le cabinet Workplace Options présente aujourd’hui la 6ème édition de son baromètre de l’absentéisme réalisé par BVA People Consulting auprès de 303 DRH et 1 500 salariés en mai 2023. Une occasion unique de mesurer à la fois la situation à laquelle sont confrontées les entreprises mais aussi l’impact de la pandémie sur la problématique des arrêts de travail. Revue de détails et explications.



« Le bilan que dresse cette étude est riche d’enseignements qui sont à la fois inquiétants et positifs. Si la santé mentale occupe la 1ère place des causes d’arrêts, il y a fort à parier qu’il s’agit d’un impact durable des années de pandémie. La hausse de l’absentéisme chez les encadrants et les jeunes montre une plus grande exigence sur les conditions de travail et traduit peut-être un changement du rapport au travail des Français dans un contexte de marché du travail plus favorable, et va dans le sens de la préconisation du CESE qui propose d'inscrire l'écoute des salariés parmi les principes généraux de prévention du code du travail dans son avis du 25 avril dernier.  Par ailleurs, alors que le nombre de jours de télétravail fait débat, l’étude apporte un éclairage intéressant sur l’impact du télétravail sur l’absentéisme » commente Christian Mainguy, Consultant Senior global de Workplace Options.

La santé mentale à la 1ère place des causes d’arrêts maladies

Hors maladies ordinaires, les problématiques mentales représentent désormais la première cause d’arrêts, avec 31% dont 18% sont liés au travail (épuisement professionnel, anxiété, tensions psychologiques…) et 17% à des motifs non liés au travail (stress, dépression, anxiété…). Ce mouvement, déjà amorcé en 2019, semble avoir trouvé avec la pandémie un accélérateur. Sur l’ensemble des salariés les maladies ordinaires représentent désormais 13% des arrêts, les problématiques mentales 12%, les TMS 8%, les longues maladies 4%. Parmi les DRH, l’évolution est particulièrement significative, ils sont désormais 78% à rencontrer des arrêts de travail pour motifs psychologiques non liés au travail (contre 36% en 2019) et plus encore, 81% (34% en 2019) à des situations de travail de type conflit, épuisement professionnel, anxiété ou tensions psychologiques.

Explosion des arrêts liés aux situations de travail en 9 ans

Qu’il s’agisse de tensions liées à l’organisation du travail (15%), de difficultés liées aux pratique managériales de l’entreprise (11%) ou des pratiques managériales du manager de proximité (10%), les arrêts liés au travail représentent 36% des arrêts, contre 20% uniquement en 2014. Parallèlement la part des arrêts pour une maladie non liée au travail a chutée de 64% en 2017 à 53% en 2023 et les difficultés liées à la vie personnelle ont cru légèrement de 9% en 2017 à 11% en 2023. Ce constat chez les salariés est corroboré par les DRH, pour lesquels 38% des arrêts ont pour principale cause le travail (et notamment le vécu de la charge de travail pour 14%, les difficultés liées aux pratiques managériales pour 9% ou les tensions liées à l’organisation du travail pour 7%), et 53% la maladie elle-même.
 
Le niveau d’engagement des salariés, mais aussi sa nature est ici déterminant, ainsi 55% des salariés qui jugent leur engagement excessif sous la contrainte de l’organisation attribuent leur arrêt au travail, ils ne sont plus 38% parmi ceux qui déclarent avoir un engagement excessif mais l’avoir choisi, 17% chez ceux qui jugent leur engagement normal et 29% dans le cas où ils le jugent faible. Enfin, 36% des salariés déclarent que leur niveau d’engagement a des effets négatifs sur leur santé… c’est notamment 60% chez ceux ayant un engagement excessif par nécessité, poussé par leur travail/entreprise, mais aussi 43% quand cet engagement excessif est un choix, une manière de fonctionner ou 34% en cas d’engagement faible. Même constat chez les DRH, 38% estiment que la première raison des arrêts de travail est liée au travail lui-même (14% sur le vécu de la charge de travail, 9% les pratiques managériales de l’entreprise, 7% l’organisation du travail, etc.), et 53% à la maladie elle-même.
 

Une progression constante du taux d’absentéisme entre 2014 et 2023

Depuis 2014, le taux d’absentéisme a connu un taux de progression annuel de 2,83 %.  39% des salariés ont été arrêtés au moins une fois au cours des douze derniers mois ce qui constitue là aussi une hausse de près de 15% sur la période, et par rapport à 2019 de 8%. La part des salariés déclarant avoir été en arrêt de travail sur l’année écoulée est plus importante chez les plus jeunes (45% chez les 18-29 contre 36% en 2019 et 47% chez les 30-39ans contre 38% en 2019) et chez les encadrants (43% contre 34% en 2019). Confrontés à cette situation, les DRH sont 54% à déclarer que le nombre d’arrêts de travail a progressé lors de l’année précédente, ils n’étaient que 28% en 2019. Une progression que 28% déclarent forte et 26% légère.

Le taux d’absentéisme varie très fortement selon les situations de travail, et les modalités du télétravail. Deux catégories de salariés ont des taux d’absentéisme très élevés :

·       Ceux qui ne pratiquent pas le télétravail avec 4,6%,
·       Les salariés à 100% en télétravail avec 5,7%
 
En revanche le taux d’absentéisme n’est que de 2,2% chez les télétravailleurs au global, avec 1,6 pour ceux ayant 3 jours par semaine ou plus, 2,3% dans le cas où ils disposent d’un ou deux jours par semaine et 2% lorsque cela est occasionnel. Autre élément clé concernant les télétravailleurs, le niveau de flexibilité. Ainsi le fait de disposer de jours flexibles réduit le taux d’absentéisme à 1%, quand il est de 3,2% avec des jours fixes.

Le présentéisme renforcé par le télétravail

Les arrêts de courte durée (de 1 jour à 3 mois) sont globalement en très légère hausse, avec cependant un effet ciseaux marqué par la diminution des arrêts de d’une semaine à trois mois (28% contre 34% en 2019) mais une hausse de 6 points des arrêts de 4 jours à une semaine (désormais 29% des arrêts contre 23% en 2019)

Cette nouvelle vague du baromètre confirme l’importance du présentéisme et la manière dont le télétravail le transforme : face à une difficulté nécessitant un arrêt maladie, 58% des salariés ne posent pas d’arrêts (en hausse de 14 points !) : 32% se rendent à leur travail, 10% préfèrent poser un congé (CP ou RTT) mais surtout désormais 16% travaillent en télétravail. Parmi ceux qui posent leur arrêt de travail, 22% le font sans hésiter et 20% le posent avec une certaine appréhension.
 
De la même manière, alors que leur état de santé le nécessitait, 47% des salariés ont continué à travailler (une fois 25% et plusieurs fois 22%), et c’est notamment le cas chez ceux qui ont une charge de travail importante et peinent à y faire face (67%). Les raisons sont aujourd’hui comme hier principalement liées au refus de voir son salaire baisser (42%, et notamment 56% chez les ouvriers et 52% chez les employés), mais aussi plus qu’avant (27% contre 18% en 2019) par peur d’être mal perçu par son supérieur ou ses collègues (notamment chez ceux qui ne sont pas en télétravail…).

Un impact sur l’organisation de l’entreprise

L’impact des arrêts de travail est pour les DRH avant tout caractérisé par une diminution de la productivité (25%) et …par l’augmentation de la charge pour les collègues (21%) et la nécessité de recrutements supplémentaires (20%). Ainsi s’ils prennent en compte l’aspect productivité, c’est aussi et surtout pour minimiser le risque que fait porter aux autres salariés le risque d’une surcharge de travail.
 
Ces mêmes DRH sont par ailleurs 67% à déclarer avoir une idée du coût des arrêts de travail sur les coûts directs de l’entreprise (27% une idée précise) et 69% sur les coûts indirects (25% une idée précise), et ils estiment globalement que l’ensemble de ces coûts représente 18% de la masse salariale Enfin pour 61% des DRH, certains arrêts maladies ne sont pas justifiés par des raisons médicales, et ils évaluent à 22% la part des arrêts qui ne seraient pas justifiés par des raisons médicales sur l’ensemble des arrêts de travail.



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