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Sarkozy à la recherche du bon capitalisme

5 Décembre 2009
Denis Gouaux
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Sarkozy à la recherche du bon capitalisme
Qu'on se le dise, le capitalisme n'est pas en crise. C'est le Président Sarkozy qui l'affirme. Le capitalisme des entrepreneurs, le bon et l'utile, celui de l'effort et du mérite, celui-là est innocent des crimes de la finance. Le capitalisme financier, quant à lui, devra être moralisé sans délais et sans "jeter le bébé avec l'eau du bain", c'est-à-dire en préservant les fondements d'un système marchand qui reste synonyme de "progrès". Le bilan du capitalisme est globalement positif suggère le Président.

Sarkozy reprend une vieille chanson. Déjà les philosophes grecs s'inquiétaient du règne de la spéculation financière ( "l'argent ne fait pas de petits" disait Aristote). Bien sur, l'Eglise y alla de son petit couplet et il n'y pas très longtemps, un Président français stipendiait ceux qui gagnent de l'argent "en dormant". Les premiers économistes n'étaient pas toujours très tendres avec les hommes d'argent. Pensons à Adam Smith qui recommandait de plafonner les taux d'intérêts. On se souvient également que le sociologue Thorstein Veblen peignit la haute bourgeoisie financière sous les traits d'une horde de demi-brigands et semi-aventuriers gaspillant des capitaux avec fracas pour la gloire et le seul plaisir de s'évader un peu de la routine d'une économie hautement techniciste et bureaucratique.

Mais à force d'entendre les mêmes rengaines, c'est nous qui nous ennuyons un peu. En écoutant le Président faire lui même le commentaire de ses propos ("et j'emploie un mot fort, le capitalisme financier est immoral") on est pris d'un doute amusé. Et si tout ceci n'était que du vent ?

Les banquiers et les investisseurs institutionnels (assurances vie, fonds de placement...) qui dominent les marchés financiers appliquent les mêmes recettes que les entreprises du secteur « réel ». Prenons l'exemple de ces banques américaines qui ont revendu les crédits à la consommation ou immobiliers avec les résultats que l'on sait (crise des subprimes). Elles souhaitaient contourner les accords de Bâle qui les obligent à constituer pour chaque crédit accordé une réserve en capital (fonds propres) ce qui alourdit leur bilan et déplait à leurs actionnaires. Mais en quoi les autres entreprises du Cac40 agissent-elles différemment ?

Lorsqu'elles sous-traitent ou délocalisent elles amaigrissent également leur apport en capital. C'est encore et toujours le règne de "l'entreprise légère", très économe en capital et hautement lucrative pour ses actionnaires. En toute logique, critiquer le comportement des banques comme le fait le Président reviendrait à contester le pouvoir des actionnaires... mais non, dans un discours récent il continue à afficher sa croyance dans la "création de valeur", l'autre nom de cette "stratégie du dénominateur' qui préconise d'accroître le rapport profit/ fonds propres en réduisant au maximum les fonds propres apportés par les actionnaires.

L'idée selon laquelle la sphère financière parasiterait l'économie est actuellement fausse. Dans la configuration présente du capitalisme, on sait que les salaires progressent très peu comme les investissements productifs. Les revenus financiers (dividendes, plus-values...) constituent une source de revenu alternative indispensable pour que la consommation continue à progresser. Sans la sphère financière, le capitalisme se porterait bien plus mal...D'ailleurs le « paquet fiscal » voté l'été dernier s'inscrit très exactement dans cette logique de soutien à la consommation par la valorisation des revenus financiers.

Il faut s'y faire, c'est bien le capitalisme contemporain qui est en crise, ainsi que la grille de lecture de nos élites dirigeantes...



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