Madame ou Monsieur le prochain Président, il est temps de libérer l’énergie des entreprises !

13 Avril 2022
Pacôme Lesage

TRIBUNE. Pollinisatrice de l’économie française, les TPE et les PME représentent la quasi-totalité des entreprises de notre pays (99,9% selon l’INSEE !) et alors que le débat de l’entre-deux tours approche, il est temps de remettre le sujet sur la table.



Au vu des récentes crises, sanitaires et géopolitiques, auxquelles le monde fait face, les entreprises sont attendues sur de nombreux terrains : relocaliser la production, partager les fruits du travail collectif et maintenir l’accès aux biens essentiels. C’est bien sûr leur rôle que de contribuer à l’efficacité du système économique et redistributif au niveau national. Et c’est ce qu’elles font déjà avec une grande fierté !

L’entreprise, un acteur sociétal

Cependant, cette énergie ne doit pas être perçue comme acquise. L’impact de la guerre en Ukraine avec la hausse des prix du pétrole et du gaz est un nouveau coup dur après deux ans de crise sanitaire sans arrêt. Cela doit encourager davantage à les soutenir au niveau local. Car c’est bien dans les ateliers de ces millions de TPE/PME que se joue la reconquête de la souveraineté industrielle. C’est dans leurs murs qu’ingénieurs, designers, professionnels du marketing ou responsables financiers démontrent la mesure de leurs talents. C’est à travers ces engagements complémentaires que se dé-carbone l’économie et que se construit une société plus solidaire. Et encore faut-il que ce potentiel soit pleinement soutenu. Il en va de soi que pour œuvrer à ce bien commun, l’efficacité de la coopération entre les entreprises, les élus, les territoires, les associations et les citoyens doit être décuplée. Il est surtout important que les idées des entreprises puissent être estimées comme des contributions essentielles au débat et au rebond économique collectif.

 

Le rôle des entreprises dans la souveraineté de notre pays n’est plus à prouver. Mais quid de la confiance qu’on leur accorde ? Cela va de pair avec la motivation intrinsèque des entrepreneurs et sur l’engagement de leurs équipes. Un travail reste à accomplir pour faire passer dans l’opinion - celle des citoyens comme celle des décideurs politiques - l’idée que les entreprises prennent part à la définition des fins et à l’identification des moyens pour insuffler le changement dans les secteurs où elles agissent. Pourquoi n’avons-nous toujours pas, par exemple, pu mettre en place un puissant soft power à la française ? Le rayonnement économique de notre pays passe par ce soutien à tous les niveaux de nos entreprises sur notre territoire, mais aussi à son rayonnement au-delà de nos frontières.

 

Car oui, les petites et moyennes entreprises doivent des comptes à la nation lorsqu’elles bénéficient du soutien du « quoi qu’il en coûte ». Oui, les entreprises ont une responsabilité dans la qualité de l’emploi local, le maintien des savoir-faire et le potentiel d’innovation. Mais elles ne doivent pas se sentir abandonnées une fois que les tempêtes se dissipent. Elles adaptent leurs fonctionnements (modèles économiques, travail hybride…) et contribuent d’ailleurs tout autant que des grands groupes aux grands projets industriels.


Pour une entreprise française moderne et ambitieuse, au service de la transition de notre économie

Les entreprises sont des lieux d’innovation, de réflexion et de sensibilité forte pour faire face aux enjeux sociétaux et des territoires au sein desquels elles évoluent. Bon nombre d’entreprises en France sont par exemple d’origine étrangère, mais elles se définissent avant tout grâce aux interactions qu’elles établissent avec leur écosystème proche.

 

Aujourd’hui, pour sortir du « quoi qu’il en coûte » et ainsi passer à la séquence suivante, il est temps de concilier deux dynamiques : une première qui consiste en la conduite efficace de génération de valeur commerciale et une seconde avec un engagement proactif en faveur de la transformation écologique et sociétale à laquelle chacun aspire. Pour ce faire, et pour revigorer cette capacité et cette envie d’agir des entreprises, des idées inspirantes et des engagements forts sont indispensables. Entreprises et décideurs politiques doivent statuer sur des propositions sur plusieurs grands chantiers décisifs.

 

En premier lieu, le pouvoir qu’offre la formation, celle que l’on reçoit depuis sa scolarité jusqu’à celle dispensée tout au long de sa vie professionnelle. Un autre enjeu collectif est la construction d’un terrain de jeu digital non seulement accessible à toutes les entreprises et sécurisé, mais encore dispensant un accès aux technologies les plus avancées et en même temps protégé des intérêts portés par d’autres continents. Il s’agit certes d’un véritable défi mais bon nombre d’initiatives européennes sur le numérique existent qu’il s’agit de soutenir à bras-le-corps ! Ensuite, il est très important de valoriser, encore et toujours, nos TPE/PME : celles qui inventent et qui exportent, qui partent à la conquête du monde sans renier leurs racines et qu’il faudra un jour transmettre aux salariés de demain, sans menacer leur pérennité.

 

Des engagements et des décisions concrets doivent voir le jour pour que ces ambitions se réalisent et pour faciliter l’action des entreprises dans leurs champs d’action respectifs. Réduire l’empreinte carbone, innover, écouter les aspirations sociétales ou encore faire travailler ensemble les acteurs de son écosystème… tout cela constitue, sans équivoque, le socle de l’engagement des entreprises pour aujourd’hui et demain. En somme, si la transformation digitale est un sujet crucial pour les entreprises, c’est aussi, collectivement, l’affaire de tous.

 

La décennie 2020 nous interroge sur tous les fronts. C’est à nous, entreprises mais aussi politiques de premier plan d’unir nos forces, nos convictions, nos énergies et nos talents pour faire avancer la construction d’une société plus épanouissante et plus forte. 

A propos de l'auteur : Pacôme Lesage est président de Sage France & Europe du Sud.


Pacôme Lesage