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Les réformes structurelles : "un art simple et tout d’exécution"

3 Décembre 2010
Morad El Hattab et Irving Silverschmidt
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Les réformes structurelles : "un art simple et tout d’exécution"
La réforme des retraites est parvenue à passer à travers les grèves et manifestations. Cela n’avait pas été le cas, en particulier en décembre 1995. Mais ce n’est que le début, et même la partie la plus facile des réformes de structure nécessaires pour s’adapter à la mondialisation.

Des réformes nécessaires

La nécessité des réformes de structures se fonde sur deux constatations :

- L’état des finances publiques, à la fois caractérisées par un déficit budgétaire de 8,3% du PIB pour 2010 et par un endettement public de 82,5% du Produit intérieur brut (PIB).
- Le manque de compétitivité de l’économie française se traduit par un déficit de 54,8 milliards d’€ de la balance des paiements.

Ces réformes se heurtent cependant, surtout en France, à une opposition de l’opinion publique de quelque six à sept Français sur dix. La croissance de la dette publique française, de 20% du PIB en 1980 à 82,5% du PIB en 2010, est certes inquiétante, mais elle participe, en réalité, à un mouvement général de la croissance des dettes dans les pays occidentaux.

Simplement, aux États Unis, en Grande Bretagne, en Irlande et en Espagne, la hausse des dettes s’est portée sur les ménages, endettés à plus de 130% du PIB, dont les trois quarts pour le financement d’achats immobiliers à crédit, souvent au-delà des ressources des emprunteurs. Aux États Unis, cela s’est appelé les « subprimes ».

S’endetter pour stopper l’arrêt de croissance des revenus

La version française est différente, en effet, les ménages sont assez peu endettés, la croissance de la dette a essentiellement porté sur les finances publiques. Mais que la croissance de la dette, soit privée (surtout immobilières) ou publique, elle a une cause commune. Dans les deux cas, l’endettement a permis de relayer l’arrêt de la croissance des revenus des ménages.

Les Américains, les Britanniques et les Espagnols ont donc remplacé la croissance devenue défaillante de leurs revenus par l’emprunt tandis qu’en France, la hausse des dépenses publiques a servi de médicament de confort pour se substituer à l’arrêt de la croissance des revenus. Aussi, le sevrage des déficits publics français, véritable morphine sociale, fait naturellement hurler le patient, c'est-à-dire les Français.

Pour imposer les réformes de structures, le Président Sarkozy a, le jeudi 20 mai 2010, annoncé un projet de modification de la Constitution : après chaque élection législative, le gouvernement aura l’obligation de s’engager pour cinq ans sur « une trajectoire de déficit » et sur la date de retour à l’équilibre des finances publiques. Le Conseil Constitutionnel, éclairé par un comité budgétaire indépendant, vérifiera la conformité de chaque loi de Finances à l’engagement initial de la majorité.

Avaler les réformes structurelles parce que la Constitution l’imposera

Les Français devront donc avaler les réformes structurelles parce que la Constitution l’imposera.
Les difficultés des réformes de structure se reflètent d’ailleurs autre part en Europe. En Espagne, après son premier train de mesures d’austérité, le Premier Ministre s’est arrêté net. Il reste beaucoup à faire, ce sera pour les successeurs…

En Irlande, malgré une austérité sauvage, le déficit budgétaire, de 11,9 % du PIB en 2009, devait se réduire pour 2011 à 9,25-9,5 % du PIB. C’est d’ailleurs devenu de l’histoire ancienne, car le sauvetage des banques irlandaises a propulsé le déficit budgétaire à 32 % du PIB. « On » espère la stabilisation des dettes publiques irlandaises à 106% du PIB. Il faut donc doubler les économies budgétaires, le gouvernement y est fort décidé, reste à savoir comment…

En Grèce, les déficits budgétaires devaient se réduire de 13,6 % du PIB à 7,9 % du PIB pour 2011, on arrivera au mieux à 9,5 % du PIB. En fait, le problème essentiel, c’est la perte de compétitivité qui, en France, s’est traduite par le passage d’un surplus de la balance des paiements de 3,1% du PIB en 1990 à un déficit de 2,2 % du PIB en 2009, soit 54,8 milliards d’euros.

Réduire les coûts de production

Quant à elle, l’Allemagne présente un surplus de 135 milliards d’€ en 2009. Le déficit français est un reflet des surplus que l’Allemagne produit, c’est en gros la même chose qu’entre la Chine et les Etats Unis.La France doit donc réduire ses coûts de production, normalement cette réduction des coûts de production se réalise par la dévaluation.

Mais avec l’Euro, il n’y a pas de dévaluation possible. Il ne reste alors que la douleur des réformes de structures pour réduire les coûts de production et les déficits budgétaires…et les conflits qu’elles promettent contre l’immobilisme des Français. Comme le disent nos amis d’Outre Manche, "Something has to give" ("Quelque chose doit céder") : les réformes de structures, l’immobilisme des Français… ou l’Euro. Le problème n’a pas seulement une dimension économique, il a aussi une dimension sociale voire politique. Cette constatation dérange mais l’ignorer peut déranger encore plus.

Les deux auteurs ont publié en août 2010, La vérité sur la crise. Pour en savoir plus sur ce livre, cliquez-ici.



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