"L'Europe a besoin d'une politique monétaire très agressive"

1 Février 2012



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"Il est devenu très difficile de comprendre comment l'Europe peut fonctionner, trouver les moyens de s'ajuster. C'est une réelle source d'inquiétude pour l'avenir de l'économie mondiale. Jusqu'ici, aucun sommet n'a su apporter de réponses adéquates, aucune décision politique n'a su traiter le problème dans son intégralité. La crise reste considérée uniquement comme un problème de dérives budgétaires. Ce n'est pas le cas. Ces déséquilibres existent, mais il y a aussi un écart de compétitivité et de flux de capitaux. Le seul élément positif est venu de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), qui a indirectement soulagé le marché des dettes souveraines. Mais, encore une fois, cela ne traite que l'urgence sans apporter de réponse fondamentale.

"L'inflation n'est pas le problème, c'est la solution"

(...) Si on met de côté les blocages politiques, l'Europe a besoin d'une politique monétaire très agressive. Plus agressive encore que celle des Etats-Unis. Il n'y a pas d'autre moyen de faire les ajustements nécessaires. La BCE devrait racheter plus de dettes d'Etat mais aussi favoriser davantage l'expansion monétaire. Pour restaurer la compétitivité en Europe, il faudrait que, disons d'ici les cinq prochaines années, les salaires baissent, dans les pays européens moins compétitifs, de 20 % par rapport à l'Allemagne. Avec un peu d'inflation, cet ajustement est plus facile à réaliser (en laissant filer les prix sans faire grimper les salaires en conséquence)", a déclaré Paul Krugman Prix Nobel d'économie et chroniqueur au New York Times, dans une interview accordée au Monde.

Depuis la fin de l’année dernière, la solution de faire fonctionner les planches à billets pour soulager les pays européens surendettés commence lentement à faire consensus. Cette solution vient de gagner un nouveau nom prestigieux, celui de Paul Krugman. L’idée est de dire que l’inflation absorbera mécaniquement une partie du poids de la dette. Ainsi, si les prix augmentent de 10 %, la valeur des avoirs antérieurs diminue d’autant. Pour les investisseurs, il s’agit, bien sûr, d’une perte mais entre deux maux, il faut toujours choisir le moindre comme dit l’adage.