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Le coq, l’ours et le pasteur

23 Août 2011
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Le 4 août 2011 a été un vendredi noir pour les Bourses. En pleine crise de la dette, la situation de l’Espagne et l’Italie a contribué à enflammer les marchés financiers. Pourtant, dans le même temps, l’euro s’est raffermi, à 1,43 dollar. Paradoxalement, la monnaie européenne ne semble guère affectée. Sont-ce les inquiétudes sur le dollar qui l’emportent ?

Cette monnaie dispose depuis longtemps d’un privilège exorbitant, qui explique largement la prééminence américaine : le dollar est la monnaie des échanges internationaux, et largement des réserves monétaires des États. Or le commerce international croît à un taux soutenu depuis la fin du protectionnisme qui a permis la sortie de la crise de 1929.

Les États-Unis, futur Europe ?

Le coq, l’ours et le pasteur
Ces échanges nécessitent une quantité sans cesse accrue de dollars, obtenue tout simplement par la création de monnaie par la réserve fédérale américaine. Tout récemment, pour une nouvelle relance de l’économie américaine, Ben Bernanke, président de la « Fed », a fait marcher la planche à billets pour un montant de 600 milliards de dollars, excusez du peu ! Avec toute autre monnaie, cette augmentation fiduciaire aurait entrainé une perte de valeur de change, alors que grâce notamment à une augmentation de la production mondiale de 4,5% par an actuellement, il n’en a rien été.

Mais un tournant capital se dessine aux Etats-Unis. Sous l’influence des républicains, en fait des rigoristes quasi religieux du « tea party », la dette américaine, qui avait augmenté en toute quiétude jusqu’à ce jour, est déclarée amorale, et devient le premier ennemi à combattre. Ainsi, on ne peut plus recourir à la planche à billets pour effectuer dès maintenant une nouvelle relance aux US, alors que son économie se traine, avec un chômage et une croissance de style européen. Et pour revenir à l’équilibre budgétaire, on va diminuer les dépenses publiques, en se gardant d’augmenter l’impôt, notamment celui des très riches (comme le souhaitait le président Obama).

Des économies languissantes

On reviendrait au modèle impitoyable des pionniers de la conquête de l’Ouest, en s’éloignant du modèle social européen. L’aide médicale aux pauvres, qui sont nombreux, en ferait les frais. Certes, un sondage montre que 60% de la population américaine est favorable à un prélèvement fiscal sur les riches. Est-ce que cela se traduira dans les urnes ? Rien n’est moins sûr, avec ce regain de conformisme que l’on constate. Incidemment, remarquons que le budget militaire américain ferait largement les frais de cette nouvelle rigueur, ce qui pose la question de notre propre défense : sans la salve initiale d’une centaine de missiles de croisière américains qui ont annihilé en Lybie la défense anti-aérienne, combien aurions-nous perdu de Rafales ?

Évidemment, l’Europe peut difficilement servir de modèle économique. La crise de la dette va lui imposer des réductions de dépenses, donc peser encore sur des économies languissantes. Toutes sont menacées … sauf l’Allemagne, qui affiche une insolente réussite économique (ce qui explique sans doute la bonne santé de l’euro). Nous connaissons les causes de cette situation, notamment la cohésion des forces sociales qui a permis de prendre des mesures bénéfiques bien que douloureuses à court terme, comme la « TVA sociale », et aussi l’excellence de la production industrielle qui autorise à vendre plus cher que les autres.

Le mythe de la grande solidarité européenne

Pour éviter la poursuite de la désindustrialisation et des délocalisations d’autres pays européens, il faudrait que l’euro baisse fortement, par exemple qu’il revienne au niveau du dollar, une chute de 30% de sa valeur. C’est techniquement très facile à faire par la BCE : il lui suffit de racheter les obligations émises par les pays en coquetterie avec leurs dettes (Grèce … etc), en émettant des euros, beaucoup d’euros, à l’américaine … ce qui finira par faire baisser sa valeur.

Mais nous n’en prenons pas le chemin : évidemment l’Allemagne est contre. Et la France déploie un activisme considérable pour maintenir ce mythe de la grande solidarité européenne, au prix d’un sacrifice de sa propre économie. La scène internationale fait penser à une fable de La Fontaine que l’on pourrait appeler, le coq, l’ours et le pasteur. Avec l’oncle Sam dans le rôle du pasteur rigoriste la France dans celui du coq prétentieux et l’Allemagne dans celui l’ours patelin qui profite de la situation.



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