La grande distribution continue de soigner ses marges

9 Avril 2012



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Le 7 avril 2009, Nicolas Sarkozy a menacé de taxer les grandes surfaces si elles ne modéraient pas leurs marges sur les produits agricoles. Selon une étude d’UFC-Que Choisir publiée en janvier 2009, les acteurs de la grande distribution s’en mettent plein les poches. Entre 1990 et 2009, les prix en magasin ont augmenté de 50 % tandis que, sur la même période, le prix de vente versé aux agriculteurs chute de 15 %. Ainsi, sur un rôti vendu 8,5 euros le kilogramme au consommateur, la marge nette du distributeur atteint 2,25 euros.

La marge brute évolue entre 30 et 50 %

Qu’en ait-il deux ans plus tard ? L'Observatoire des prix et des marges des produits alimentaires, mise en place en 2010 par la Loi de Modernisation de l'Agriculture et de la Pêche et dont la mission est de décortiquer la formation des prix alimentaires, a réalisé son premier rapport sur la question. Et le constat est affligeant pour les grandes surfaces. Ces dernières font d'importantes marges sur des produits comme le lait, la viande ou encore les fruits et les légumes. "Les marges brutes de la grande distribution ont tendance à augmenter", affirme l'économiste Philippe Chalmin, président de l'Observatoire. "Suivant les produits alimentaires, la marge brute de la grande distribution évolue entre 30 et 50%", continue-t-il.

Néanmoins, il faut souligner que ces calculs concernent, faute de données, les marges brutes et non les marges nettes. Les grandes distributions profitent de ce flou pour contester ces chiffres. Via Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération des entreprises du Commerce et de la Distribution, "nous sommes tout à fait prêts à communiquer les données pour arriver à la marge nette". "Nous avions besoin d'engagements de confidentialité et ces engagements ne nous ont pas été donnés à temps mais pour le prochain rapport, il y aura l'ensemble des éléments", précise-t-il.

En attendant, il semble que la promesse de Nicolas Sarkozy concernant une éventuelle taxe n’est plus de l’ordre du jour. Autant dire que sans menace, les choses ne sont pas prêtes de changer.