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L’Europe doit jouer la carte de la transition énergétique

9 Novembre 2015
Daniel Gerino
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Les Européens disposent d’une vraie expertise en matière de développement durable, une thématique qui n’intéresse pas suffisamment les Américains. Un positionnement indispensable pour booster la croissance du Vieux continent alors que l’économie américaine montre quelques signes de faiblesse en cette fin d’année.

L'Europe a profité des exportations favorisée par un euro faible

L’économie européenne n’est pas florissante mais elle va mieux. Il y a d’un côté des pays qui s’en sortent bien comme l’Espagne, la Suède, le Royaume-Uni ou la Slovaquie. De l’autre, des pays en difficulté comme la Finlande ou la France. La France n’a pourtant aucune raison de ne pas aller bien. Elle est malade d’elle-même et de son absence de réformes d’envergure. Davantage tributaire par ses exportations de la demande mondiale (ralentissement chinois, embargo russe), l’économie allemande entre actuellement dans une phase de croissance plus faible au moment où l’instauration de mesures sociales comme la création d’un Smic pèse sur la productivité du pays.

Globalement, la zone euro a profité au cours des derniers mois de la bonne tenue des exportations favorisées par un euro faible. Nous pouvons ainsi craindre une appréciation de la devise européenne et une baisse en parallèle du dollar. La chance des Européens réside toutefois dans la bonne santé du Royaume-Uni et des Etats-Unis qui sont les premiers partenaires commerciaux de la zone euro. Notre balance commerciale demeure largement excédentaire et la bonne tenue des exportations vers ces pays reste un facteur déterminant de la reprise en cours. Le développement durable, un créneau pour l’Europe La Fed a fait part récemment de sa préoccupation concernant le niveau trop élevé du dollar et il ne serait pas improbable que nous nous acheminions vers une parité de 1,20 Dollar pour 1 Euro, ce qui renchérirait le coût des exportations européennes. Au-delà des désagréments posés par une appréciation de l’euro, il n’en reste pas moins que la zone euro est confronté à des problèmes structurels majeurs quant à son positionnement dans l’économie mondiale, faute d’investissements suffisants dans la recherche développement et d’entreprises compétitives.

L’Europe a pourtant une carte à jouer dans le domaine de la transition énergétique. Le développement durable n’intéresse pas les Américains. Les entreprises européennes disposent d’une vraie expertise dans ce domaine, compétence qui intéresse tout particulièrement la Chine qui souffre peut-être plus qu’aucun autre pays de problèmes environnementaux. Il faut aussi accompagner la mutation des industries traditionnelles afin qu’elles arrivent à produire plus proprement. Ce sont des enjeux économiques majeurs qui peuvent créer la croissance européenne de demain. Mais l’effort d’investissement à réaliser reste considérable.

Privilégiez les actions américaines

En attendant, la BCE injecte des sommes considérables de liquidités et vient d’annoncer une possible révision de son plan d’achats d’actifs (QE) en décembre. Le QE (60 milliards d’euros mensuels) pourrait être augmenté et peut-être prolongé au-delà de septembre 2016. La politique de Mario Draghi donne un coup de fouet à l’économie européenne mais ne sera pas en mesure de relancer la croissance à elle seule. Elle agit comme un « doliprane » en atténuant les difficultés de la zone euro mais sans traiter les racines du mal. Le risque à plus long terme est de voir le bilan des banques centrales devenir incontrôlable. Les effets secondaires résident en particulier dans la formation de bulles sur les marchés.

Aux Etats-Unis, les plans d’achats d’actifs ont été plus efficaces qu’en Europe car les liquidités ont été directement injectées dans l’économie sans passer par le système bancaire. L’intermédiation bancaire n’a pas le même poids des deux côtés de l’Atlantique (30% aux Etats-Unis contre 70% en Europe). Les portefeuilles boursiers des ménages américains ont fortement remonté et dépassé leurs niveaux d’avant la crise de 2007. L’effet richesse induit permet aux emprunteurs américains de se voir octroyés davantage de crédits. La croissance de la consommation a été portée par les prix bas du pétrole, la faiblesse des taux et du dollar mais ces effets s’estompent. La publication des derniers indices PMI laisse à désirer, ce qui laisse suggérer que la croissance américaine n’est pas aussi solide que prévu.

 

Pas de surexposition aux marchés obligataires

La Fed n’a pas intérêt à remonter trop rapidement ses taux car les Etats-Unis veulent voir le dollar continuer de baisser pour relancer leurs exportations. Un renchérissement du dollar ferait plonger les exportations et pourrait fragiliser la croissance économique déjà peu vigoureuse. Pourtant, Janet Yellen pourrait être tenté de normaliser progressivement la politique monétaire de la Fed uniquement dans le but de se donner des marges de manœuvre en cas de nouvelle crise. Mais un relèvement des taux pourrait avoir des effets très préjudiciables sur l’activité du crédit hypothécaire. Quant au ralentissement en cours de l’économie chinoise, il ne doit pas susciter d’inquiétudes exagérées. Il faut se rappeler que la Chine dispose d’une trésorerie conséquente de 3.500 milliards de dollars de réserves de change, soit l’équivalent de 4 mois de PIB alors que les réserves de la France ne dépassent pas 22 jours ! C’est un gouvernement autocratique qui a la capacité de piloter la croissance du pays. La courroie de transmission entre les décisions politiques et leur mise en œuvre est rapide. Deuxième puissance économique mondiale, la Chine est une puissance émergée et non plus émergente. Dans ce contexte, quelle allocation d’actifs privilégier ?

La faiblesse des rendements obligataires nous amène à ne pas être surexposés aux marchés obligataires. Nous privilégions néanmoins le compartiment Investment Grade avec un positionnement sur les valeurs bancaires ou industrielles et nous restons prudents sur le compartiment High Yield en raison de la remontée des taux de défaut des entreprises. Du côté des marchés actions, nous restons plutôt favorables aux marchés américains. Les entreprises américaines publient des marges nettes de l’ordre de 8% contre à peine 5,5% en Europe. Notre préférence se porte sur les valeurs technologiques, cotées au Nasdaq. Ces valeurs sont chères mais restent attractives, à l’instar du secteur pharmaceutique. En Europe, nous privilégions les valeurs bancaires et les foncières.

A propos de l'auteur : Daniel Gerino est président et directeur de la gestion de Carlton Sélection et stratégiste d’Intersélection.



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