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Crise de la dette : mais que fait la BCE ?

22 Novembre 2011
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Les semaines passent et nous ne sommes toujours pas en voie de règlement du problème de la dette européenne. La Grèce a illustré le mécanisme de détérioration de la situation financière des États de la zone euro : pour éviter un gonflement excessif de la dette, le pays doit réduire ses dépenses publiques, ce qui ralentit l’activité économique, générant la baisse des recettes fiscales, donc une nouvelle augmentation de la dette.

Le défaut de paiement, la solution ?

Crise de la dette : mais que fait la BCE ?
Et pour sortir de ce cercle vicieux, on finit par accepter une perte immédiate pour les créanciers, ce qui réduit la dette et ses remboursements, dans l’espoir de renverser le processus. C’est le défaut de paiement, qui fragilise les créanciers, des banques principalement. Mais il faut absolument éviter la faillite de banques, qui se propagerait par effet de domino à toute l’économie. C’est ce qui est arrivé en 2008, avec la faillite de la banque Lehman Brothers, qui avait causé « la plus grave crise depuis 1929 ». Pour en sortir, il avait fallu que les États injectent d’énormes liquidités. La banque fédérale américaine n’avait pas hésité à créer massivement de la monnaie pour racheter les actifs pourris (les « subprimes ») détenus par les banques, et assainir la situation. Et ça a marché.

En Europe, il y a aussi une banque centrale, la BCE, mais elle a interdiction de procéder de cette façon. On lui demande juste de lutter contre l’inflation et de préserver la valeur de la monnaie, avec comme outil son taux d’escompte. Donc lors de la crise de 2008, pour faire repartir l’économie, les états européens ont dû s’adresser au marché international de capitaux, ce qui a gonflé les intérêts à payer, contrairement aux USA.

Et aujourd’hui, les états européens sont en difficulté par suite d’une dette excessive. Alors des voix s’élèvent en Europe : pourquoi pas nous ? Pourquoi la BCE ne rachèterait-elle pas de la dette des pays européens, en émettant des euros ? Réponse : parce que cela créerait de l’inflation en faisant perdre de la valeur à l’euro.

Le FESF, la fausse bonne idée

On a alors imaginé un autre dispositif pour secourir un pays en difficulté : le FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière), qui peut intervenir actuellement jusqu’à 779 milliards d’euros pour secourir un pays en difficulté. L’intervention de ce fonds ne peut se faire qu’à l’unanimité des pays participants, dont beaucoup ont déjà des difficultés pour emprunter, alors que le fonds est constitué d’engagements de garantie. La France, par exemple, est engagée à hauteur de 158 milliards d’euros.

Cet engagement « hors bilan » fragilise notre position auprès des agences de notation. Qui voient bien les difficultés qu’a le gouvernement français pour trouver actuellement seulement 7 milliards d'euros d’économies. Et imaginez que nous devions voler au secours de l’Italie et ses 1900 milliards d'euros de dette. Un apport par la France aussi considérable que 158 milliards d'euros n’est pas crédible. On a évoqué la participation de la Chine au financement du fonds. Mais la Chine craint de ne jamais revoir son argent … et s’abstient.

Conclusion : du fait de la faiblesse de ses mandants, le FESF ne peut au mieux servir de secours que pour un petit pays. Mais pas pour l’Espagne, et a fortiori pour l’Italie et la France. Il est clair que la ligne actuellement suivie est une impasse, que nos dirigeants le savent, mais qu’au nom d’une solidarité déplacée, ils se taisent.

Le jeu trouble de l’Allemagne

Alors, il faut s’interroger à nouveau. Pourquoi la BCE ne pourrait fonctionner comme les banques centrales des États Unis, de l’Angleterre ou du Japon notamment? Il est vrai que cela créerait une baisse de l’euro par rapport aux autres devises. Mais ce serait tant mieux ! La dette ne serait que peu alourdie, car elle doit être largement libellée en euros. En contrepartie, une dévaluation de 30% de l’euro, qui ne ferait que le ramener à sa valeur initiale, augmenterait considérablement la compétitivité des produits européens (notamment, en réduisant l’écart avec le yuan). C’est la hausse de l’euro qui est largement responsable des délocalisations et de la désindustrialisation de la France. Et l’impuissance de la BCE a été un puissant facteur d’aggravation de la dette en Europe, en obligeant les pays à emprunter au prix fort.

Ce qui coince pour la banalisation de la BCE, vous le savez déjà, c’est le refus catégorique de l’Allemagne de cette solution. Elle nous endort avec des billevesées du genre l’hyper inflation de la République de Weimar a traumatisé l’âme germanique. Taratata ! La réalité est beaucoup plus prosaïque. Du fait de l’esprit de responsabilité du peuple allemand (une qualité que nous, Français, pouvons leur envier), l’Allemagne a mis en œuvre dès le gouvernement socialiste de M. Schroeder des réformes courageuses (telle que l’augmentation de la TVA pour réduire les charges sociales des entreprises), qui ont considérablement amélioré la compétitivité des produits allemands.

De sorte que l’Allemagne a moins souffert de la concurrence internationale: ses ventes à l’export ont augmenté, lui permettant d’exploser son excédent commercial, tandis que nous subissons actuellement des déficits records. Et l’exportation allemande se fait à 80 % en Europe. Alors la situation actuelle convient parfaitement à l’Allemagne. Ce qui souligne la naïveté de nos dirigeants.

Du business

Nous demandons donc au pouvoir politique français d’exiger cette extension à la BCE des prérogatives d’une banque centrale, et en cas de refus réitéré de l’Allemagne, de l’exclure de la zone euro, en créant par exemple une zone euro bis sans l’Allemagne (le maintien d’une zone monétaire unissant des économies d’efficacités voisines serait un facteur positif, en éliminant les dévaluations compétitives. Il faudrait des règles de discipline strictes, telles que l’exclusion d’un membre pour non adoption ou application d’une règle d’or). Cette mesure n’impliquerait aucune acrimonie à l’égard de notre grand voisin. Juste du business, rien d’autre.



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