Pétrole : vous en reprendriez bien un peu ?

12 Juillet 2011



Même dans la torpeur de l’été, la nouvelle n’est pas passé inaperçue. Il faut dire qu’annonçait une hausse des prix des carburants alors que les Français partent en vacances, ce n’est pas très malin. Il faut dire que les consommateurs commencent à en avoir marre. En un an, les prix à la pompe ont augmenté de près de 14 %. S’il s’attendait à ce que la nouvelle passe mal auprès des consommateurs, Christophe de Margerie, p-dg de Total, ne devait sûrement pas se douter que le gouvernement allait se mêler de l’histoire. Deux jours après son annonce, la ministre du Budget, Valérie Pécresse, a promis sur RTL que le gouvernement serait "très vigilant" pour éviter que la hausse du prix du pétrole soit répercutée plus vite que sa baisse sur les prix à la pompe.


Car voilà bien le problème : les Français ont le sentiment que si les prix suivent bien la hausse du prix du pétrole, il n’en est pas de même quand ce dernier diminue. Alors simple impression ou fait avéré ? Si l’on regarde l’évolution (voir graphiques) du prix du baril et du prix à la pompe ont s’aperçoit que les deux se superposent assez bien. Néanmoins, l’image peut être trompeuse.



Sur deux ans, le prix du pétrole baisse, celui du carburant augmente

En effet, si l’on regarde de plus prêt, on s’aperçoit que ces évolutions ne sont pas de la même ampleur. Résultat, lorsque l’on compare les chiffres sur deux ans, on constate une "jolie" différence. Ainsi, en 2008, au plus fort de la hausse, le baril de 159 litres valait 150 dollars. Au cours de 1,50 dollars pour un euros, le litre hors taxe revenait donc à 0,63 euros. En juillet, 2011, le baril est à 119 dollars, l'euro à 1,45 dollars, soit 0,52 euros le litre hors taxe. Entre 2008 et 2011, le prix du pétrole a donc baissé. Pourtant, les prix du carburant sont aujourd’hui plus élevés qu’en 2008. Cherchez l’erreur.

Si, sur cette période, les taxes n'ont pas changées, les marges de raffinage ont elles augmentés. Et, comme par enchantement, les compagnies pétrolières françaises préfèrent raffiner à l’étranger. De cette façon, les bénéfices liés à cette activité ne sont pas imposables.

Le gouvernement, un complice bien payé

Mais, en réalité, les menaces du gouvernement sonnent faux car il a, lui aussi, tout intérêt à maintenir des prix élevés. En effet, si les prix augmentent, les recettes de l’Etat liées à la TVA aussi. Du côté des perdants, on retrouve les consommateurs qui payent deux fois cette hausse : une première fois en tant que consommateur et une deuxième fois en tant que contribuable.