Les Français : les dindons du livret A

15 Avril 2010



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Hier, la Banque de France annonçait que le taux de rémunération resterait inchangé à 1,25 %. Une mini surprise puisque la reprise de l’inflation aurait justifié de le relever à 1,75 %. Résultat, le rendement réel du livret A devient négatif. Autrement dit, ce que vous rapportera votre épargne ne suffira pas à couvrir la hausse des prix.

Ainsi, alors même que vous épargnez, vous ne gagnez pas mais perdez de l’argent. Vive la hausse du pouvoir d’achat. Le pire dans tout ça, c’est que 50 millions de français subissent cette farce. Et ce n’est pas la première fois. Entre 2000 et 2010, cela était déjà arrivé deux fois : en 2005 et 2008.

Du côté de la Banque de France, on se défend en arguant que l’inflation devrait à nouveau descendre en août, date de la prochaine révision des taux. Pourtant, elle n’avait pas hésité à baisser ce taux alors même qu’elle savait que l’inflation allait repartir dans les mois suivants. Autre argument, les taux historiquement bas des autres placements à court terme. Autrement dit, ne cherchons pas à faire mieux que la concurrence.

Le livret A : un compte courant bis

Pourtant, malgré un taux de rémunération faible voire négatif, les Français continuent à plébisciter le livret A. Le Crédit Agricole affirme encore en ouvrir 5 000 par jour. En janvier et février 2010, le livret A a permis de récolter environ 500 millions d'euros. Comment expliquer un tel paradoxe ? La plupart des gens s’en servent comme un compte courant bis. Dès qu’ils ont un peu d’argent, ils le transfèrent vers leur livret A en se disant que 1,25 %, c’est toujours mieux que rien. Et en cas de coup dur, le retrait peut se faire immédiatement.

Seul objet de consolation, la quasi-totalité du produit du livret A est affectée au logement social. Via la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), le livret A permet notamment de financer des prêts à taux réduit. Voyons donc cela comme une forme d’impôt. Malheureusement pas redistributif, puisque le livret A demeure le placement préféré des classes défavorisées. En revanche, les tranches de revenus supérieurs ne se contentent pas d’un taux de rémunération de 1,25 % et placent donc leur argent ailleurs.