Espagne : une crise sans fin

30 Avril 2012



Au second trimestre 2010, le nombre de demandeurs d'emploi espagnol atteignait 4,612 millions, soit 20,05 % de la population active. Le chiffre était d’autant plus inquiétant que deux ans plus tôt, il n’était que de 8 %. Deux ans plus tard, la situation ne sait pas arranger : l’Espagne comptait à la fin du premier trimestre près de 5,7 millions de chômeurs, soit un taux de 24,44 %. Le plus élevé depuis le début de la série statistique en 1996, selon les chiffres publiés vendredi par l’Institut national de la statistique (Ine). Fin 2011 où le taux de chômage atteignait 22,85 %.

Une mauvaise nouvelle qui n’est pas arrivée toute seul puisque dans la foulée Standard & Poor’s a dégradé la note de la dette espagnole de deux crans à BBB+. L’agence de notation ne croit pas aux prévisions avancées par le gouvernement. Madrid veut réduire son déficit de 8,51 % du PIB en 2011 à 5,3 % en 2012 puis 3 % en 2013. Pour Standard & Poor’s, le gouvernement ne pourra pas faire mieux que 6,2 % en 2012 et 4,8 % en 2013.

La nouvelle Grèce

"Dans un environnement de contraction économique, et contrairement à nos prévisions précédentes, nous pensons que la trajectoire des finances publiques de l’Espagne va probablement se détériorer", estime l’agence. Stephen King, l’économiste en chef de HSBC, est encore plus fataliste : "La situation en Espagne est en train de se muer en situation à la grecque : la récession est tellement profonde que quand vous faites un pas en avant vers l’austérité, cela vous amène deux pas en arrière".

Et les choses pourraient empirer rapidement à cause des banques espagnoles. Selon la Banque d’Espagne, ces dernières accumulaient, fin 2011, 184 milliards d'euros d'actifs immobiliers "problématiques" dans leurs bilans, soit 60 % de leur portefeuille. Pas sûr qu’elles soient capables d’y faire face. Dans ce cas là, elles seraient obligées de se tourner du côté de… l’État.