​Plein feu sur la FED !

15 Mars 2016
Nicolas Chéron

Après le lancement d’un plan de soutien historique (au bonheur des investisseurs) par la BCE (taux directeur abaissé à 0%, hausse du montant du programme d’achats d’actifs, de 60 à 80 milliards d’euros par mois, nouveaux programmes de refinancement à long terme des banques…), quelle position va adopter la Réserve Fédérale américaine lors de son comité de politique monétaire ?



Si nous nous fions à l’évolution des indicateurs conjoncturels américains, mais aussi à celle des risques exogènes et globaux, la banque centrale américaine est dans une situation plus confortable que son homologue européenne. En effet, les récents chiffres de l’emploi américain (242 000 emplois créés en février, contre 185 000 anticipés initialement) confortent la robustesse de l’économie outre-Atlantique, tandis que l’inflation n’est pas si éloignée des objectifs de la banque centrale. À près de 1,5 %, le taux d’inflation est d’ailleurs aux antipodes du niveau qui prévaut en zone euro. Sur le plan microéconomique, les sociétés américaines ont enregistré des résultats de bonne facture, puisque 76% des résultats bénéficiaires annoncés à l’échelle du S&P 500 se sont révélés supérieurs aux attentes.

Pas de hausse des taux directeurs…

Quant aux risques systémiques exogènes qui préoccupaient encore Janet Yellen il n’y a pas si longtemps, comme les turbulences de marché en Chine, le ralentissement économique des pays émergents ou la chute vertigineuse des prix pétroliers, ils se sont apaisés. L’économie chinoise semble s’être stabilisée. Les marchés actions émergents ont rebondi de 12 % depuis un mois (Indice MSCI Emerging Markets), tandis que le cours du pétrole fait preuve de résistance, autour de 40 dollars pour le baril de Brent. À court terme tout au moins, le tableau s’est donc significativement éclairci par rapport au tout début d’année.

Dans ces conditions, la banque centrale bénéficie d’une meilleure visibilité et Janet Yellen devrait confirmer les bonnes perspectives économiques américaines. Les mots du Gouverneur et les termes employés dans le communiqué de la FED auront leur importance. Il y a très peu de chances que la FED annonce un mouvement des taux directeurs en mars. Toutefois, les observateurs analyseront le choix des mots utilisés et, surtout, ce qu’ils traduisent en termes de probabilité d’une hausse des taux lors de la réunion monétaire du mois de juin.

Des mots décortiqués

Mais attention, l’exercice de style reste néanmoins délicat. Il s’agira de rassurer, de garder le cap, mais sans excès de confiance. Car paradoxalement, un discours perçu comme trop optimiste pourrait potentiellement favoriser une nouvelle hausse du dollar, dont on connait les effets pénalisants à terme pour la compétitivité à l’export des entreprises américaines.

Et pour regarder un peu plus loin que la réunion de la FED, la tournure des prochaines échéances électorales américaines pourrait influencer le sentiment économique outre-Atlantique. Pour les observateurs financiers, le scénario d’un duel Hilary Clinton - Donald Trump dans la course à la Maison Blanche (scénario qui se dessine de plus en plus), n’est pas le plus souhaitable pour le moral des agents économiques !

A propos de l'auteur : Nicolas Chéron est stratégiste pour CMC Markets.

Nicolas Chéron