​« Un foyer consacre environ 2 200 euros pour son budget assurance »

8 Décembre 2014
Propos recueillis par Vincent Paes



Entretien avec Hamid Benamara, directeur général, LesFuret.com

Économie et société : Quel bilan tirez-vous de l'année sur le secteur des assurances ?

Hamid Benamara : L’année 2014 m’apparait comme une année de transition pour le marché de l’assurance. Elle a notamment été marquée par le fait que le client soit remis au cœur des débats, des stratégies et des préoccupations des assureurs. Cette nouvelle perception a poussé les grands groupes d’assurance à accélérer leur transformation digitale. Autre fait marquant de cette année 2014 : la hausse de la sinistralité des dommages corporels pour l’assurance automobile (+5 %) alors que l’on observait une baisse de 2 à 3 % par an les années précédentes.

D’autre part, les événements climatiques significatifs qui ont frappé la France en 2014, en particulier la grêle durant le week-end de la Pentecôte, ont eu pour conséquence une forte hausse des sinistres en assurance habitation. A partir de ce premier bilan, 2015 s’annonce comme une année clé. Elle sera la concrétisation des changements entamés en 2014. La mise en application de la loi Hamon va bouleverser le marché et la façon de consommer l’assurance. Les assureurs vont devoir s’adapter à cette nouvelle mise en concurrence qui sera initiée par le consommateur.

E. S. : Comment expliquez-vous la hausse du prix des assurances ?

H.B. : Une hausse des tarifs des assurances santé, habitation et automobile a en effet été très récemment annoncée pour l’année 2015. L’assurance habitation est le secteur qui va connaître la plus forte augmentation avec une hausse pouvant aller jusqu’à 5 %. Les intempéries et les risques climatiques sous-estimés par les assureurs sont les principales raisons invoquées pour justifier cette nouvelle tarification. L’assurance automobile est relativement épargnée avec une croissance des tarifs estimée entre 1 et 2,6 %. Les professionnels la justifient notamment par la hausse des sinistres corporels cette année.

La baisse du prix de l’essence et les bonnes conditions météo de 2014 ont eu pour impact l’augmentation de la prise de route et donc d’accident. Il est important également de noter que certains assureurs ont annoncé un gel de leur prix en prévision de la Loi Hamon. Nous nous attendons aussi à une hausse, comprise entre 2 et 3 %, des complémentaires santé, ceci étant dû à l’augmentation continue des dépenses de santé.

« Une hausse des prix comprise entre 2 % et 3 % pour les complémentaires santé »


E. S. : Quel sera l'impact de la loi Hamon sur le marché des assurances ?

H.B. : La Loi Hamon constitue une véritable avancée pour les consommateurs car elle rééquilibre la relation entre assureurs et assurés. En pouvant résilier leur contrat d’assurance à tout moment à l’issue d’une première année d’engagement, les consommateurs vont pouvoir reprendre le contrôle de leurs dépenses en matière d’assurances et pourront changer d’assureur plus facilement et rapidement s’il trouve une offre plus compétitive. La loi Hamon va ainsi apporter davantage de transparence et contribuer au développement d’une concurrence plus saine.

La loi Hamon va également conduire les assureurs à s’adapter à cette nouvelle donne et à modifier structurellement leur modèle et leur fonctionnement afin de fidéliser leur clientèle. La mise en place de politique de fidélisation, la segmentation des portefeuilles, la proposition de contrats ciblés et individualisés, le développement d’offres multicanales et de produits hybrides sont autant de pistes sur lesquelles les assureurs travaillent. Cette Loi Consommation apparait donc comme un catalyseur leur permettant de rattraper leur retard en matière de digitalisation. D’ailleurs nous observons depuis ces six derniers mois une véritable accélération de ce mouvement de fond.

E. S. : Pensez-vous que cela va favoriser la baisse des prix ?

H.B. : La Loi Hamon, qui va in fine stimuler la concurrence, devrait inciter les assureurs à se montrer convaincants pour retenir leurs assurés. Je pense que l’on observera deux comportements distincts de la part des assureurs. Afin de fidéliser leurs assurés et de bâtir une relation durable avec eux, certains assureurs ne devraient pas hésiter à geler leurs prix pour 2015. En effet la maitrise de leurs coûts de structure va donner à certains assureurs et mutuelles une marge de manœuvre quant à leur politique tarifaire. En anticipation de la publication des décrets de la Loi Hamon, des leaders comme la MAAF, la Matmut et la MAIF ont d’ailleurs d’ores et déjà annoncé une baisse ou le gel de leurs tarifs sur l’assurance automobile en 2015.

A l’opposé, d’autres assureurs vont augmenter leurs tarifs et segmenter leurs offres afin de répercuter leurs résultats techniques de l’année 2014 (hausse de la sinistralité importante pour l’assurance habitation par exemple) et d’anticiper les coûts liés à la résiliation. Cependant, je ne crois pas que l’effet de bascule sera immédiat du côté des consommateurs. En effet, les Français connaissent encore mal leur contrat d’assurance et notamment les conditions de résiliation. Ils ont besoin d’être éclairés et d’être accompagnés dans ce processus de résiliation. Là est un de nos rôles fondamentaux en tant que comparateur : expliquer de manière pédagogique et didactique les enjeux de cette loi, simplifier la compréhension de leur contrat d’assurance et les accompagner dans leurs démarches de résiliation.

E. S. : Pour les particuliers, quels sont les réflexes à avoir quand ils choisissent leurs assurances ?

H.B. : Aujourd’hui, selon l’UFC Que Choisir, un foyer français consacre environ 2 200 euros pour son budget assurance. Afin de maîtriser ce coût, le premier réflexe à avoir est d’utiliser un comparateur pour mettre en concurrence les différents produits d’assurance avant de procéder à l’achat. C’est le meilleur moyen de vérifier les prestations proposées et de bénéficier du tarif le plus intéressant. Selon une étude que nous avons menée, il est possible de réaliser une économie moyenne de 276 euros sur son assurance automobile à garanties équivalentes sur le site LesFurets.com.

Il faut également précisément identifier les biens que l’on souhaite assurer (un véhicule neuf ou ancien ? un bien de valeur ?...). De plus, l’assuré doit penser à ajuster régulièrement ses garanties et assurer ses biens à leur juste valeur. Sa situation évolue, l’assurance doit suivre (agrandissement du logement, achat ou vente d’objets de valeurs, naissance d’un enfant, etc.). Enfin, afin d’évaluer au mieux son contrat d’assurance, il doit aussi prendre en compte les modes de remboursements et les niveaux de franchise qui peuvent fortement faire varier le montant de la prime.

Propos recueillis par Vincent Paes