TVA sociale : au mieux 48 000 créations, au pire 16 000 destructions

22 Février 2012



"Il ressort de nos simulations effectuées à l'aide de notre modèle macroéconomique que la TVA sociale présentée par le gouvernement pourrait aboutir, au mieux, à 48 000 créations d'emplois à horizon cinq ans et, au pire, à 16 000 destructions de postes. Nous avons simulé trois scénarios. Le scénario rose part du principe que les entreprises hexagonales jouent parfaitement le jeu, c'est-à-dire qu'elles baissent leurs prix hors taxes à la faveur de la baisse des réductions de charges sociales. (...) Le supplément d'activité permet la création de plus de 40 000 emplois à terme.

Le scénario destructeur d'emplois part du postulat que nos partenaires commerciaux continuent à ne pas réagir, mais que les entreprises hexagonales ne jouent pas le jeu en augmentant leur prix de vente. Cela entraînerait alors un surcroît d'inflation de 1,1 % dès la première année contractant les dépenses de consommation des ménages sous l'effet de la baisse de leur pouvoir d'achat. La chute d'activité engendrerait une destruction de près de 20 000 emplois.

Le troisième scénario est un peu moins gris où les entreprises françaises jouent le jeu, mais où nos partenaires étrangers ne se laissent pas faire : il n'y a alors plus de gains de compétitivité à attendre et le revenu des ménages est impacté par la hausse de la CSG sur le revenu du capital. Nous estimons alors que cette mesure détruirait 9.000 emplois à moyen terme
", a déclaré Éric Heyer, directeur adjoint au département analyse et prévision de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), dans une interview accordée aux Échos.

Un impact limité sur l'emploi et la compétitivité

Alors que la TVA sociale vient d’être votée hier par les députés, son impact sur l’économie reste très conversé. Pourtant du côté du gouvernement, on continue de s’enflammer. Après les 100 000 emplois créés annoncés par le gouvernement, Valérie Pécresse, la ministre du Budget, a même dit que cela pourrait monter à 120 000. Toujours selon elle, dans le pire des cas, cette réforme créerait 75 000 emplois. Rien que ça. On est donc loin des 48 000 emplois prévus par l’OFCE.