Sarkozy : maintien du nucléaire

1 Mai 2012



Dans sa "Lettre au peuple Français", Nicolas Sarkozy nous donne sa position sur l’énergie. Principal axe : "il faut conserver et entretenir la filière nucléaire française". Raison majeure : le nucléaire n’émet pas de gaz à effet de serre, contrairement aux énergies fossiles. Mais aussi, c’est celle qui garantit notre indépendance énergétique, limite le prix de l’électricité pour les particuliers et les entreprises, et c’est une "exceptionnelle filière industrielle", exportatrice, qui crée des emplois "non délocalisables".

Risque résiduel

Bien sûr, la sécurité est le premier impératif. Pour l’avenir, N. Sarkozy précise que le nucléaire "doit aussi être complété par le développement des énergies renouvelables et par les économies d’énergie". Cette stratégie nucléaire a le mérite d’exister déjà.


Elle fonctionne correctement, mais n’enlèvera jamais un risque résiduel, qui tient au procédé nucléaire. Il est vrai que les modifications qui vont être réalisées dans toutes les centrales nucléaires, après Fukushima, vont rendre encore moins probable un risque d’accident majeur. Et on n’oublie pas qu’une alternative comme le charbon (qui produit 59% de l’électricité du Danemark, qui a pourtant une image très écologique, alors que le charbon est le plus grand émetteur de CO2) fait entre 3000 et 5000 morts par an en Chine.

Énergie renouvelable

Les énergies renouvelables sont mentionnées sans autre commentaire par Nicolas Sarkozy. Qu’en attend-il au juste? Un remplacement des centrales nucléaires quand il faudra les arrêter ? Si c’était le cas (il serait bon que François Hollande lui pose la question lors du débat), alors c’est François Hollande qui aurait raison d’entamer dès à présent un processus de remplacement du nucléaire par le renouvelable. Cependant, nous avons vu que compte tenu du fonctionnement à temps partiel du renouvelable, il fallait obligatoirement doubler les éoliennes ou panneaux solaires par des installations pouvant produire de l’énergie à tout moment, comme le nucléaire ou le fossile.

Donc, avec du renouvelable, ces installations "classiques" restent nécessaires. Du coup, posons la question à Nicolas Sarkozy. Quels sont les avantages du renouvelable ? Il revient 100 fois plus cher que le nucléaire (le MWh des éoliennes marines sera facturé 200 euros à EDF, et ne permettra à EDF qu’une économie du combustible nucléaire, qui lui coûte 2 €/MWh). Au total, le gaspillage va être de 100 milliards d’euros en 20 ans, montant qui correspond au cumul d’une taxe, appelée CSPE, rajoutée sur les factures d’électricité pour financer le renouvelable.

"Un sentiment religieux"

Et au bout de ces 20 ans les installations de renouvelable seront en fin de vie. Répondez, s’il vous plait, M. Sarkozy, à quoi sert le renouvelable ? J’ai posé cette question à une quantité de responsables, qui se sont tous refermés comme des huitres. Hervé Niefenecker, président d’honneur de l’association "Sauvons le climat", m’a donné cette réponse : "c’est comme un sentiment religieux".

Remarquons pour finir que la question se pose différemment dans les autres pays, qui utilisent tous des énergies fossiles, bien plus coûteuses que le combustible nucléaire. Du coup, le renouvelable permet chez eux une économie d’énergie fossile dont ils peuvent espérer qu’un jour, avec le renchérissement de ces énergies fossiles, elle rendra inutiles les subventions actuelles au renouvelable, type CSPE. Faut-il imiter ces pays, casser le nucléaire pour installer du fossile comme eux (et tant pis pour l’effet de serre et le ferraillage d’installations qui marchent), en nous réclamant de Panurge plutôt que de Descartes ?