Les transactions dans le secteur de l’énergie ont atteint leur plus haut niveau depuis 10 ans

29 Janvier 2015
Antoine Balduino

Si l’année 2014 a été largement dominée par des méga-transactions entre acteurs américains, les experts de PwC prévoient que les transactions en 2015 seront davantage réparties entre les différentes régions du monde.



D’après la dernière étude annuelle « Power and Renewables Deals » de PwC et Strategy&, la valeur mondiale des fusions-acquisitions dans le secteur de l’énergie et des énergies renouvelables a atteint son plus haut niveau depuis 2004, passant de 143,3 milliards de dollars US en 2013 à 243,1 milliards en 2014 – soit une hausse de 70 %. Ce montant total dépasse pour la première fois la fourchette des 100 à 200 milliards de dollars établie en 2007 avant la crise du crédit.

Les Etats-Unis dominent en valeur ; l’Europe en volume

En termes de valeur des opérations réalisées, l’Amérique du nord a largement dominé le marché des transactions dans le secteur de l’électricité, du gaz et des énergies renouvelables en 2014. Parmi toutes les opérations menées au niveau mondial, les acheteurs nord-américains ont réalisé 66% transactions (en valeur) en 2014 alors que les acheteurs européens en ont réalisé seulement 16%.Alors que la valeur des transactions dans le secteur de l’électricité, du gaz et des énergies renouvelables dans la plupart des régions s’est accrue en 2014, la part des transactions représentées par les cibles européennes a diminué de moitié en un an, passant de 32% en 2013 à 16% en 2014.

« Ce recul des cibles européennes n’est pas dû à leur faible attractivité, mais plutôt à leur rareté aujourd’hui », explique Philippe Girault, associé responsable du secteur Energie chez PwC. « Cette tendance en Europe reflète aussi une certaine incertitude réglementaire, des obstacles rencontrés par de nombreux acteurs de l’électricité, ainsi que la maturité du marché européen. »En revanche, en volume, les acheteurs européens restent les plus actifs avec 32% des transactions totales qui leur reviennent. Les acheteurs américains ne réalisent, quant à eux, que 19% des transactions totales.

Le secteur institutionnel cède des parts de marché aux acheteurs corporate

La diversité des acheteurs s’est sensiblement réduite entre 2013 et 2014. Les acheteurs non corporate ne représentent plus que 20% de la valeur totale des transactions réalisées en 2014, contre 31% l’année précédente. Selon Philippe Girault, « la concentration en 2014 des fusions-acquisitions dans les mains de quelques acheteurs corporate s’explique par le poids des transactions réalisées dans le secteur du gaz, largement dominé par les acteurs corporate. Les acteurs de type institutionnel tels que les assurances, les fonds de pension ou les fonds souverains participent de manière croissante aux acquisitions dans les secteurs de l’électricité et des énergies renouvelables ».

D’après l’étude, les fusions-acquisitions prévues au niveau mondial dans le secteur de l’électricité, du gaz et des énergies renouvelables recèlent un fort potentiel, mais la dernière hausse enregistrée pourrait ne pas refléter une tendance de long terme. En 2015, les fusions-acquisitions prévues au niveau mondial dans le secteur de l’énergie et des énergies renouvelables devraient être davantage réparties entre les différentes régions du monde, et compter moins de ces méga-opérations américaines qui ont entraîné l’augmentation des montants totaux observée en 2014.

L’activité liée à des cessions ou à des privatisations apparaît toutefois soutenue et l’on peut penser qu’un repli des transactions américaines sera compensé, en partie du moins, par des opérations menées ailleurs.Selon Philippe Girault, associé responsable du secteur Energie chez PwC :« Les transactions à venir offrent beaucoup de potentiel, mais nous assisterons probablement à une phase d’attente, le temps que les opérateurs intègrent le changement des prix énergétiques. Un certain nombre d’incertitudes économiques, en particulier le risque de déflation, incitent également les investisseurs à marquer une pause. Cela pourrait néanmoins aussi raviver l’intérêt pour les rendements stables administrés ou réglementés qu’offre le secteur. »

Les tendances pour 2015

L’étude dresse la liste des destinations d’investissement stratégiques et des opportunités d’investissement pour l’année à venir dans le secteur mondial de l’énergie et des énergies renouvelables. Les constats sont notamment les suivants :

- Les fusions-acquisitions du secteur de l’énergie devraient refléter de plus en plus les évolutions énergétiques et les changements de modèles économiques qui en découlent, à la suite des transformations technologiques et politiques destinées à favoriser les énergies propres. La décision d’E.ON de se scinder en deux entités pourrait bien ne pas être la seule de ce type.

- Les prix du pétrole s’effondrent, et des facteurs liés à l’offre et à la demande entraînent une baisse des prix du gaz. Cette tendance pourrait avoir des répercussions dans le secteur des gazoducs, car acheteurs et vendeurs prennent le temps d’évaluer les conséquences de ces reculs. Elle pourrait toutefois aussi accroître l’attrait des actifs du secteur de la production de gaz.

- Des privatisations et des cessions d’entreprises publiques pourraient également avoir une forte incidence sur l’activité de transactions en 2015, notamment en Australie et en Turquie.

- Les conditions favorables à un flux important de transactions aux États-Unis demeurent réunies, et l’Amérique latine restera une destination d’investissement stratégique.D’après Philippe Girault : « Les besoins de désendettement ou de déconsolidation sont à l’origine de nombreuses transactions en Europe. Les entreprises prennent aussi de grandes décisions stratégiques pour privilégier la partie de la chaîne de valeur et la région du monde qui leur offrent la plus forte croissance. Le changement de modèle économique d’E.ON illustre le premier cas et l’installation de Gas Natural Fenosa au Chili, le second ».

Antoine Balduino