"Le mur de la dette est devant nous"

30 Novembre 2011



"Nos compatriotes sont devenus très conscients de la gravité de la question et de la nécessité de réagir. Les chiffres sont connus de tous. La dette publique a augmenté de 500 milliards d'euros entre 2007 et 2011, dont près de la moitié imputable à la crise. Les dépenses publiques sont passées de 52,4 % du produit intérieur brut à la mi-2007 à 56,2 % cette année, faisant de la France le pays où les dépenses publiques sont, en pourcentage, les plus élevées de l'OCDE. Notre taux de prélèvements obligatoires est passé de 43,7 % en 2007 à 44,5 % dans le projet de loi de Finances pour 2012. C'est l'un des plus élevés avec ceux de la Suède, du Danemark et de la Belgique.

(…) Le choc de la dette se rapproche pour la France. À partir de 2013, c'est la France qui aura le triste privilège de devenir le premier émetteur, avec plus de 220 milliards d'émissions, à un moment où l'Allemagne va redescendre autour de 170 et l'Italie autour de 180. Toute la pression des prêteurs s'exercera donc sur nous. La maturité de la dette de la zone euro est de sept ans en moyenne. Tous les ans, c'est donc un septième du stock qui doit être réexposé au marché. Le mur de la dette est devant nous. La France va faire face à de très lourdes échéances de refinancement à partir de 2013-2014. Pour franchir cette marche, nous devons avoir la confiance des marchés", a déclaré Thierry Breton, p-dg d’Atos et ancien ministre de l’Économie (2005-2007), dans une interview accordée aux Échos.

Un besoin de plus de 1 200 milliards d’euros en 2012 et 2013

Si cela peut nous consoler, il faut dire que la France n’est pas la seule à faire face à ce phénomène. Les besoins de refinancement de la dette émise vont atteindre 640 milliards d’euros en 2012 et 600 milliards d’euros en 2013, contre 530 milliards d’euros en 2011 (zone euro 11 pays). Il s’agit des sommes que les états de la zone euro vont devoir trouver sur le marché obligataire pour assumer le remboursement de la dette arrivant à échéance. Le plus gros sera lié à l’Italie, l’Allemagne et la France (70 % du total sur 2012 et 2013).