"La situation reste manifestement préoccupante"

4 Juillet 2012



"La situation reste manifestement préoccupante. La France n'est pas sortie de la zone dangereuse dans laquelle elle est entrée il y a plusieurs années. Le redressement est engagé, mais l'essentiel du chemin est encore devant nous. Cela dans une zone euro fragilisée par la crise des dettes souveraines. Pour 2012, les risques portant sur les dépenses sont limités et peuvent être maîtrisés. La situation est tout autre pour les recettes publiques. Il risque de manquer entre 6 et 10 milliards d'euros, dont 4 à 8 milliards pour le seul budget de l'État. Des mesures correctrices sont indispensables afin de respecter l'objectif d'un déficit public à 4,4 % du PIB, objectif inscrit dans le programme de stabilité transmis à nos partenaires européens.

(…) Il faut passer de 4,4 % à 3 %, et l'effort à réaliser est d'autant plus important que la croissance s'annonce très incertaine et que la France va devoir honorer des contentieux fiscaux lourds et non intégrés dans le programme de stabilité. Avec une croissance de 1 % en 2013, qui correspond à la moyenne des prévisions des économistes, il faut trouver de l'ordre de 33 milliards d'euros pour passer de 4,4 % de déficit à 3 %, compte non tenu de l'impact des contentieux sur 2013, de l'ordre de 5 milliards", déclare Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes et ancien député PS, dans une interview accordée au Monde.

Comment trouver ces 33 milliards ?

"Avec plus de rigueur... Une des hypothèses est de faire porter la moitié de l'effort à venir sur les dépenses, en les réduisant de 16,5 milliards d'euros par rapport à leur évolution tendancielle. Cela suppose de stabiliser en volume la progression de toute la dépense publique, donc de la faire évoluer comme les prix. C'est exigeant, plus exigeant qu'en 2011 ou 2012. Mais cet effort peut être accompli sans remettre en cause le cœur de l'action publique. Pour la santé, l'éducation, la formation professionnelle, par exemple, la France dépense bien plus que des pays dont les résultats, dans ces domaines, sont pourtant sensiblement meilleurs que les nôtres."