La filière porcine française en obsolescence programmée

18 Juillet 2017
Antoine Balduino



Depuis plusieurs semaines, les opérateurs de la filière porcine française se sont contentés d'une stagnation du cours au Marché du Porc Breton. Pendant ce temps, nos concurrents allemands et espagnols caracolaient à une dizaine de cts au-dessus du cours français. Cela représente 10 €/porc en faveur des concurrents, soit environ 3000 € de trésorerie dont les éleveurs de porcs français n'ont pas vu la couleur, à une période où le cours devrait profiter de la hausse estivale.

Comportements déviants

Sur les dernières cotations, l'Allemagne est repartie à la baisse, ne faisant que ramener son cours au niveau français. Etrangement, le Marché du Porc Breton vient de reculer ce lundi… Pourtant, les poids d'abattage sont en baisse. En outre, malgré les opportunités export, moindres qu'en 2016, mais qui restent néanmoins intéressantes, la France est le pays qui s'affiche le plus en recul à l'export. Nos opérateurs sont-ils définitivement moins compétents que ceux de nos concurrents ? La vérité est que nous sommes loin d'une expression normale de la loi de l'offre et de la demande. Alors qu'il y a deux ans, tout le microcosme porcin se braquait contre un prix soi-disant « politique », qu'est aujourd'hui ce recul du cours du porc français, si ce n'est un prix politique entre acteurs économiques !

A la veille du lancement des Etats Généraux de l'Alimentation, où seront traitées les questions du prix et de la répartition de la valeur au sein de la chaîne alimentaire, nous dénonçons les comportements déviants qui ont cours au sein de notre filière. Entre les distributeurs qui s'approvisionnent dans d'autres régions françaises pour ne pas acheter au cadran et faire stagner les prix, ceux qui bloquent la répercussion des hausses demandées par les industriels, le sauve-qui-peut des industriels qui s'approvisionnent à vil prix à l'étranger, les segmentations et étiquetages douteux...

Un danger structurel

Il est temps de s'interroger sérieusement sur l'emprise des acteurs aval sur la fixation du prix du porc en France. La filière porcine française est en danger structurel. Face aux comportements des opérateurs, les éleveurs ont aujourd'hui l'impression d'une forme d'obsolescence programmée. Les jeunes générations n'ont plus confiance et se détournent de la production. La filière va dans le mur et appuie sur l'accélérateur à mesure qu'il se rapproche… Il est temps de réagir et de moraliser les relations commerciales, une nécessité que nous porterons lors des Etats Généraux de l'Alimentation. ​

Antoine Balduino