L’éolien s’impose lentement mais sûrement

18 Octobre 2010
Franck Stassi



En 2009, le marché mondial de l'énergie éolienne a connu une croissance de 41,7% tandis qu'il a enregistré une hausse moyenne de 28,6% par an au cours des treize dernières années. Une étude publiée par Greenpeace et le Global Energy Wind Council (GWEC) indique que l'énergie éolienne pourrait fournir un cinquième de l'électricité mondiale d'ici à 2030. Ces estimations sont particulièrement optimistes par rapport aux projections de l'Agence internationale de l'énergie de l'ONU, qui table sur seulement 4,8 % de l'électricité mondiale produite par l'énergie éolienne en 2020, soit un triplement par rapport à la production actuelle. Il y a deux ans, Économie et société faisait déjà le point sur un secteur plus que prometteur.

Article publié pour la première fois le 17/10/2008

10 % de la production d’électricité devra provenir du parc éolien à l’horizon 2020. Cet ambitieux objectif que s’est fixée la France « ne répond pas à un besoin en France et induirait des surcoûts pour la collectivité pouvant dépasser 2,5 milliards d’euros par an à l’horizon 2020 », tranche l’Institut Montaigne, un club de recherche économique privé. En pointant du doigt la politique dans ce secteur, le think-tank réveille les clivages entre « pro » et « anti »-éoliens, dont le dernier en date n’est d’autre que l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing.

10 000 nouveaux aérogénérateurs devront être installés pour parvenir à cet objectif. La capacité éolienne de la France est dix fois inférieure à celle de l’Allemagne. Car le développement de l’éolien se heurte dans l’Hexagone à des contraintes avant tout… environnementales. La puissance du vent est mise en cause sur le plan énergétique, avec une utilisation qu’à un quart du temps en moyenne. De plus, pour une même surface, le nucléaire permettrait de produire 2 000 fois plus d’électricité que l’éolien. Pour atteindre ses capacités, il faudrait ainsi planter des mâts sur un vingtième du territoire ! « Le vent souffle toujours quelque part. Grâce au foisonnement des parcs, nous parvenons à éliminer les problèmes liés à l’intermittence. Le courant que produisent les éoliennes est injecté sur le réseau d’EDF », tente de rassurer Nicolas Wolf, directeur général de Vestas en France dans Le Figaro.

Progression des capacités mondiales

Toujours est-il que les pâles fleurissent progressivement sur le globe. En l’espace d’un an, les capacités mondiales ont progressé de 27 %. 7 % de l’énergie produite sur le continent européen l’est désormais par des éoliennes. A l’échelle du globe, seulement 3,3 % de la consommation est fournie par le vent, mais les experts estiment que cette part pourrait grimper à 25 % en 2030. En France, l’Etat mise depuis 2001 sur l’argument financier pour développer son parc. Les particuliers sont désormais incités à investir dans l’éolien par le biais du rachat obligatoire de l’énergie par EDF, à un prix garanti. L’obligation européenne de produire 22 % d’énergies renouvelables en 2020 ne pourra être assumée que par les seuls pouvoirs publics.

Les particuliers peuvent également prendre leur part du gâteau par l’intermédiaire d’un placement. Depuis janvier, le Fonds Royal Co² de Prigest recule de seulement 7 % contre plus de 25 % pour le CAC 40: en ces temps de crise, l’énergie peut s’avérer être un choix judicieux. A la Bourse de Copenhague, l’action du leader mondial de la conception de turbines Vestas Wind SYstems a progressé de 23 % depuis le début de l’année. Attention toutefois à la branche concernée : ainsi, le producteur d’électricité à partir d’éoliennes Théolia fait face à une chute de son titre de 40 % en un an, sur fond de décollage difficile du marché alternatif de l’énergie.

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Franck Stassi