Janet va-t-elle appuyer sur le bouton ?

17 Décembre 2015
Nicolas Chéron



Cela fait plus de neuf ans que la Fed a relevé ses taux pour la dernière fois. C’est donc en quelque sorte un rendez-vous avec l’Histoire qui se dessine demain, alors que le Comité fédéral des Marchés Ouverts (Comité FOMC) pourrait relever ses taux de 0,25% lors de son dernier meeting de l’année. Ces dernières semaines, des signaux clairs ont émergé selon lesquels la Fed préparait les marchés à une hausse des taux. A tel point d’ailleurs que les indicateurs de probabilité ressortent à 78% pour un mouvement de hausse cette semaine.

Division

La Fed prendra en compte la récente décision prise par la BCE. Lors de sa dernière réunion, la Banque Centrale Européenne s’est montrée plus prudente qu’attendu, quant à l’accroissement de son stimulus monétaire. La Fed a plus de latitude pour annoncer le resserrement progressif de ses taux. Les membres de la Fed devront également considérer, à l’échelle mondiale, les possibles effets à long terme sur la déflation que pourrait avoir la récente décision par Pékin de lancer un nouveau panier indexé sur le yuan.

Mettant de côté cette suggestion pour le moment, il y a un facteur qui pourrait faire réfléchir la Fed et créer une division parmi ses membres. En fait, Janet Yellen y a fait allusion il y a deux semaines quand elle a suggéré qu’elle n’aurait pas nécessairement besoin d’un avis unanime concernant la décision de demain. Cette division pourrait provenir de l’agitation continue des marchés des matières premières, qui voient les prix du pétrole et des métaux se situer à des plus-bas de plusieurs années.

Faire caler le moteur

Certains membres se sont fait entendre ces derniers mois sur le fait que des facteurs internationaux pourraient avoir un effet paralysant sur l’économie américaine. Des inquiétudes qui ont commencé à se matérialiser lorsque le secteur manufacturier américain est tombé en récession récemment. Les Faucons ont quant à eux souligné le fait que l’économie américaine se porte bien, soutenue en grande partie par une croissance décente dans le secteur des services, et qu’elle devrait ainsi être tout à fait capable d’absorber un doublement du niveau de référence de ses taux de 0%-0,25% à 0,25%-0,50%.

Le temps nous le dira, mais deux moteurs valent mieux qu’un seul. Alors, avec une industrie manufacturière qui cale, la question que la Fed doit se poser consiste à savoir si elle veut vraiment courir le risque de faire caler l’autre moteur restant, l’industrie des services, à un moment où les prix continuent de baisser et où le secteur des services pourrait être sur le point de ralentir.

A propos de l'auteur : Nicolas Chéron est tratégiste chez CMC Markets France.

Nicolas Chéron