Interview d’Olivier Compagnon, enseignant à l’Institut des Hautes Etudes de l’Amérique Latine (IHEAL)

29 Janvier 2009
Propos recueillis par Vincent Paes




Economie et Société : Comment expliquez-vous l’arrivée et le maintien de Chavez au pouvoir malgré les nombreuses tentatives de déstabilisation ?

Olivier Compagnon : Chávez a remporté les élections présidentielles de 1998 sur la base d’un violent rejet des élites traditionnelles, qui n’ont jamais réellement redistribué la manne pétrolière et ont été discréditées par de multiples scandales de corruption. Depuis, il bénéficie du soutien d’environ 60 % de l’électorat qui, bien que parfois sceptique sur les politiques menées, n’a pas vu émerger d’alternative crédible.

E. S : L’opposition dit que les missions bolivariennes ne sont que des programmes d’assistanat, qu’en pensez-vous ?

O. C : Certaines missions ont eu des résultats incontestables sur le terrain, dans le domaine de la santé et de l’éducation notamment. Toutefois, il s’agit davantage de soins palliatifs à destination des exclus que d’une politique sociale globale, si bien que de nombreux problèmes demeurent en suspens notamment celui du logement.

E. S : La politique économique menée par Chavez est-elle selon vous efficace sur le long terme ?

O. C : On peut reprocher au gouvernement de ne pas rompre avec la logique rentière et la dépendance économique et commerciale qui caractérisent l’économie vénézuélienne depuis le XVIIIe siècle, alors même que le cours du pétrole lui en donne les moyens. Au-delà des effets d’annonce, il n’est pas certain que les structures de l’économie vénézuélienne aient profondément changé depuis la fin des années 1990.

Propos recueillis par Vincent Paes