"Fini l’intermédiation coûteuse des banques"

6 Avril 2012
Propos recueillis par Vincent Paes



Entretien avec Charles Egly, président du directoire de Prêt d'Union, établissement de crédit collaboratif.

Économie et société : Pourquoi avoir créé cette société ?

Charles Egly, président du directoire de Prêt d‘Union
Charles Egly : Prêt d’Union est né d’un constat très simple : en France, d’un côté le crédit est cher (jusque 21 %), complexe et fait peur et de l’autre côté l’épargne est très faiblement rémunérée (les livrets rémunèrent entre 1 % et 2 %). En effet le marché du crédit à la consommation étant oligopolistique, il n’y a peu d’innovations en faveur des consommateurs. Nous avons donc inventé un nouveau type de crédit. Prêt d’Union est une plateforme internet sécurisée agréée par La Banque de France qui permet à des ménages français d’emprunter directement auprès d’épargnants français.

De fait, il est le premier établissement de crédit collaboratif agréé par la Banque de France qui permet à des particuliers qui ont de l’épargne de financer directement d’autres particuliers souhaitant souscrire des crédits. Et cela, sans passer par l’intermédiation coûteuse des banques. A l’image d’eBay ou PriceMinister dans la distribution, Prêt d’Union se positionne sur le marché de la consommation collaborative.

Économie et société : Quel est votre modèle économique ?

C. E. : Prêt d’Union est un tiers de confiance agréé par la Banque de France qui permet d’allouer l’épargne de ses Prêteurs aux besoins en crédit de ses Emprunteurs. Les intérêts payés par les Emprunteurs reviennent intégralement aux Prêteurs. Néanmoins, Prêt d’Union, afin de couvrir ses coûts informatiques et de personnels, prélève un frais de dossier au moment de la transaction égal à 2 % du montant prêté-emprunté.

Économie et société : Quel est le profil de vos prêteurs ?

C. E. : Nos prêteurs sont des épargnant de type « avertis » qui typiquement sont (ou bien ont été) actifs en bourse et savent gérer leur épargne. Pourquoi nous limitons-nous à des épargnant de type « averti » ? Prêt d’Union a dû, avant d’ouvrir son site internet, obtenir de la Banque de France un agrément de plein droit d’établissement de crédit prestataire de services d’investissement. Cela a nécessité deux ans de travail.

Au lieu d’investir sur des livrets faiblement rémunérés (2 %) ou en Bourse, avec Prêt d’Union ils pourront investir dans les projets des ménages français et donc dans l’économie réelle française à des taux attractifs (jusque 6,5 % par an).

Économie et société : À qui s’adresse votre offre ?

C. E. : Il y a neuf millions de ménages qui souscrivent chaque année un crédit en France. L’emprunteur type de Prêt d’Union a un projet concret comme des travaux ou l’achat d’une voiture neuve ou d’occasion. Il est parfaitement solvable et pourrait obtenir un crédit dans sa banque mais n’a plus confiance dans sa banque. Nous leur offrons des taux très compétitifs. Ensuite un crédit simple et propre avec un taux fixe. Nous somme ainsi le seul établissement à ne pas faire de crédit revolving. Et surtout les intérêts qu’ils payent ne vont pas dans la poche des banques mais dans la poche d’épargnants français.

Économie et société : Quels sont vos objectifs ?

C. E. : Nous somme très ambitieux. Nous souhaitons permettre l’octroi de 25 millions d’euros de crédit, soit environ 2 500 emprunteurs et 1 000 prêteurs) pour 2012. Pour 2013, nous vison 100 millions d’euros pour 10 000 emprunteurs et 2 000 prêteurs.

Propos recueillis par Vincent Paes