Coopération Algérie-France : beaucoup de paroles peu d’actes

3 Mars 2011
Nadia Benakli



Rien de concret ! La visite de l’envoyé spécial de l’Elysée, le 26 février dernier, n’a pas été vraiment fructueuse. Aucun contrat n’a été signé à l’issue de cette visite, annoncée en grande pompe, pour mettre sur rail des projets de partenariat. Les projets sont toujours en phase de discussions. Pourtant, l’aboutissement des projets de partenariat permettrait la création de plus de 20 000 emplois directs en Algérie. « Les discussions autour des projets de partenariat algéro-français relevant des secteurs comme l’énergie, l’automobile, les matériaux de construction et l’industrie pharmaceutique avancent bien », a affirmé hier à Alger l’envoyé spécial du président Sarkozy, Jean-Pierre Raffarin.

Petit à petit..

Lors d’un point de presse animé conjointement avec le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, M.Benmeradi, Monsieur Algérie a tenu à assurer que les pourparlers sont en bonne voie. Revenant sur les dossiers Renault, Total et Lafarge, l’ancien Premier ministre français a annoncé que les discussions sont à «mi-chemin d’accords». Une déclaration appuyée par le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement. M.Benmeradi a assuré de son côté que les dossiers de coopération sont à un stade avancé.

Selon lui, les projets de partenariat avec Lafarge, Renault et Sanofi-Aventis sont en bonne voie. Or, ces projets ont fait l’objet de discussions depuis plusieurs mois sans pour autant aboutir. Y a-t-il des blocages? M.Benmeradi a écarté complètement cette hypothèse. «Il n’y a pas de blocage», a-t-il réitéré en guise de persuasion. Néanmoins, MM.Benmeradi et Raffarin ont reconnu qu’il y a des difficultés sur le terrain. Lesquelles? Les deux responsables n’ont pas voulu entrer dans les détails. «Nous avons levé beaucoup de difficultés et nous continuons à travailler pour baliser le terrain», a précisé le ministre de l’Industrie.

Alger impose ses conditions

A la question de savoir si c’est le cadre juridique qui pose problème, M.Benmeradi a estimé que cette question n’est plus débattue. Selon lui, le cadre juridique convient à la politique d’investissement. Il a justifié le retard accusé dans la conclusion des partenariats par la nature des projets.

A propos de Total, ce projet de 5 milliards d’euros, explique le ministre, «ne pouvait pas se décider au cours d’une (seule) réunion entre des représentants». Concernant l’implantation de Renault en Algérie, Alger poses ses conditions à la France Renaud doit fabriquer 100 000 voitures. Benmeradi a fait état d’une liste de 50 entreprises de sous-traitance algériennes qui peuvent être intégrées au projet.

20 000 emplois directs

Afin de ne pas focaliser trop sur les accords, les responsables sont allés loin en évaluant d’ores et déjà l’impact des accords en discussions sur l’économie. « L’aboutissement de ces projets permettrait la création de plus de 20.000 emplois directs», a déclaré M.Raffarin en précisant toutefois : « Il s’agit d’un travail économique et social ».

Interrogé sur le métro d’Alger qui fait l’objet d’un désaccord entre le gouvernement et la société en charge des travaux, M.Raffarin a assuré que les travaux ont repris et des équipements ont été livrés. «Je mettrais toute mon influence pour que le métro soit mis en service avant la fin de l’année en cours», a-t-il promis en précisant que les discussions sont en cours.

Par ailleurs, l’envoyé du président Sarkozy a eu des entretiens avec différents responsables. Il a été reçu par le président de la République à la résidence d’Etat El Mufti, en présence de Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, et de Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement. Même si cette visite porte le cachet économique, il n’en demeure pas moins que la politique s’est certainement conviée à la discussion.

Nadia Benakli