Brexit : saut pendulaire pour le secteur bancaire

1 Juillet 2016
Sandy Campart et Marie-Caroline Raynal



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A l’annonce des résultats du référendum du 23 juin, le secteur bancaire a été particulièrement affecté par le mouvement de correction sur les marchés d’actions. Si les valeurs des établissements britanniques ont été les plus sévèrement affectées, les grandes banques européennes n’ont pas été épargnées. Les analystes de Goldman Sachs estiment à 32 milliards d’euros l’impact du Brexit sur les bénéfices des établissements bancaires européens en 2018 – soit une révision à la baisse de plus de 10% des résultats attendus. Les banques britanniques pourraient supporter le tiers de cette diminution.

Le spectre d’une fragmentation de l’Union européenne constitue une véritable menace systémique

Même si l’impact immédiat du Brexit sur le secteur bancaire est associé aux perturbations macroéconomiques issues de l’incertitude des négociations, de l’éventuelle perte du passeport européen et de la future localisation des activités financières (Dublin, Francfort ou Paris), à moyen terme le spectre d’une fragmentation de l’Union européenne constitue une véritable menace systémique. Les élections présidentielles françaises et les élections fédérales allemandes en 2017 vont raviver les tensions. La candidate du Front National, Marine Le Pen, souhaite un référendum de sortie de l'Union européenne dans les six premiers mois de son mandat. Une sortie française porterait un coup fatal à l'union bancaire européenne.

Comme le Royaume-Uni, la France abrite nombre de banques systémiques - BNP Paribas, Groupe BPCE, Crédit Agricole et la Société Générale - ainsi qu'AXA, le deuxième plus grand assureur de l'UE. Ne nous y trompons pas ! Ce n'est pas la part du produit net bancaire généré au Royaume-Uni par les grands groupes bancaires français qui inquiète (de 1,9% pour BPCE à 6,3% pour la Société Générale), ni le redéploiement des effectifs de la City (de 0,6% de l'effectif total de BPCE à 3,6% pour BNP Paribas), la réaction des marchés est avant tout alimentée par la crainte d'une résurgence de la crise de la dette souveraine européenne que la Banque centrale européenne ne saura à elle-seule enrayer.

A propos des auteurs : Sandy Campart est directeur de l'IUP Banque Finance Assurance et Marie-Caroline Raynal est expert-comptable chez Ipso Facto.

Sandy Campart et Marie-Caroline Raynal