Afrique du Sud : un rêve qui ne s’est jamais réalisé

25 Février 2010



Le 11 février dernier, les Sud-Africains fêtaient les 20 ans de la libération de Nelson Mandela. Cette date est devenue le symbole de la fin de l’apartheid et le début de la démocratie. Depuis 1994, le parti de Nelson Mandela, le Congrès national africain (ANC), a remporté chaque scrutin. L'ancienne formation de lutte contre le régime blanc prône la réconciliation.

Au niveau politique, les changements ont été radicaux. Les lois de ségrégationnistes ont été démantelées et le pays dispose désormais de l’une des Constitutions les plus libérales au monde. Mais dans les faits, il reste encore bien des chemins pour aboutir aux rêves de Nelson Mandela. Et si l’espoir dominait jusque dans les années 2000, aujourd’hui les Sud-Africains sont étouffés par le poids de la réalité.

En dépit d’une croissance forte, le géant économique du continent africain continue d’être le pays avec les plus fortes inégalités. Pourtant, les gouvernements successifs ont mis en place de nombreuses aides sociales.

La pauvreté et les inégalités rongent le pays

Aujourd’hui, sur les 50 millions de Sud-Africains, près de 14 millions en bénéficient. Selon la Banque mondiale, 34 % des Sud-Africains vivent avec moins de deux dollars par jour. Les besoins les plus essentiels ne sont pas encore couverts. Dans les bidonvilles, 1 million de familles continuent à vivre sans accès à l’eau et à l’électricité.

Malgré l'émergence d'une classe moyenne noire, appelée les "Diamants noirs", la plupart de la population continue de souffrir du chômage et de la pauvreté. Pire encore, les inégalités se creusent. Alors que le revenu mensuel moyen des Noirs n’a augmenté que de 37 % depuis 1994, celui des Blancs a augmenté de 83 %. Pour les Noirs, le taux de chômage s’élève à 42 % alors qu’il n’est que de 4,6 pour les Blancs.

Criminalité : la stigmatisation des inégalités

Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil d'extrême pauvreté a doublé en dix ans. Il est passé de 1,9 à 4,2 millions, soit près de 9 % de la population. Il faut néanmoins nuancer ce constat. En effet, la dégradation de la situation est principalement due à la mise en place d’outils statistiques plus fiables dans le pays.

Dans le même temps, la criminalité ne cesse d’augmenter. En 2005, le Sunday Times a recensé quelque 19 000 personnes assassinées, 55 000 personnes violées et 120 000 hold-ups. Pour la coupe du monde de football, des mesures spécifiques ont été prises. Le nombre de policiers sera pratiquement doublé. Entre 1998 et 2001, 541 fermiers blancs auraient été assassinés. Face à cette montée de la violence, de nombreux Sud-Africains blanc ont fui le pays. Depuis 1994, près d’un million d’entre eux auraient quitté le pays.

20 ans après, l’apartheid est encore présent

Les inégalités sont également fortes en ce qui concerne les propriétés. Hérité de l’apartheid, le régime foncier contribue à la stabilisation de ces inégalités. Sous l'apartheid, 87 % de toutes les terres étaient soit réservées par la loi aux seuls Blancs, soit détenues par le Gouvernement. Pour la population rurale, une réforme agraire est indispensable. Selon le gouvernement, 72 % des pauvres vivent dans les zones rurales. En effet, il existe peu de possibilité d’emploi et les agriculteurs blancs disposent déjà de meilleures terres.