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Quelle sera l'énergie de demain ? Le cas français

30 Septembre 2014
Yves Garipuy
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Alors que la menace de réchauffement climatique s’amplifie, et que la raréfaction des hydrocarbures n’est plus une menace lointaine, deux énergies seulement pourraient prendre la relève des énergies fossiles: le nucléaire et le renouvelable (principalement éolien et photovoltaïque). Une expérience significative a déjà été accumulée sur ces deux énergies, et il est opportun de chercher à en tirer des enseignements. Pour le dernier article de cette série, Economie et société revient sur le cas français.

Nucléaire dépendance

Le programme électro-nucléaire français s’est réalisé de 1974 à 1987 avec la construction de  55 réacteurs de 900 MW. Ces réacteurs fournissent l’essentiel de l’électricité française. En 2013, l’origine de l’électricité a été (chiffres EDF, en %) :

Nucléaire                  79,3
Hydraulique                9,3
Charbon                     3,3
Gaz                             1,7
Fioul                            1,0
Autres                         5,4 (dont éolien 2,9 et photovoltaïque 0,9)
 
Le programme français a été une réussite complète, reconnue dans le monde entier. La France a été le seul pays dont l’électricité était d’origine décarbonée, et aucun contre-temps important n’est survenu, tant dans la réalisation des centrales que dans leur exploitation. Aucun accident nucléaire n’est arrivé. L’électricité française était parmi une des moins chères du monde.

Transition forcée

Tout allait bien donc, quand survint le « Grenelle de l’environnement ». Concernant l’énergie, l’objectif était de diminuer le nucléaire en augmentant le renouvelable. Pour ce dernier leur part dans l'énergie consommée devait passer de 10% (surtout de l’hydraulique) en 2006  à 23% en 2020. On peut y arriver de deux façons :
 
1. En rajoutant des éoliennes et panneaux solaires, sans toucher aux centrales existantes. C’est ce que l’on fait depuis le Grenelle, soit depuis 6 ans. Avec pour  résultat que la part du renouvelable est passée de 10 à 15%. Mais cela nous coûte déjà 3 milliards d’euros par an de CSPE, soit, avec des contrats de 20 ans, 60 Md€. Et en extrapolant à 2020, on arriverait à 7,8 Md€/an de CSPE, soit 156 Md€ d’investissement. Mais en échange de ce prélèvement, quel est l’avantage pour les français ?

. pas une hausse de la production
. pas une diminution du CO2 émis (puisque le nucléaire n’en émet pas)
. alors peut-être une réduction du risque nucléaire ? Ce n’est pas le cas. Car une réduction de ce risque implique l’arrêt définitif des centrales nucléaires. Si l’on se contente de réduire la production de ces centrales sans les arrêter, on ne diminue pas le risque d’accident nucléaire, tout en augmentant mécaniquement le coût du nucléaire.
Donc, on dépenserait 156 Md€ pour n’avoir rien en échange ? Où est la rationalité ?
 
2. En arrêtant des centrales nucléaires. C’est le plan du gouvernement, qui prévoit de supprimer un tiers des centrales nucléaires, soit 20 centrales. Plus que les allemands, qui vont fermer 17 centrales. Ce qui va quand même leur coûter, d’après leurs calculs, 1500 milliards d’euros.
Et pour aboutir à quel résultat ? Devoir remplacer par des centrales au charbon (comme en Allemagne)  les centrales nucléaires supprimées (qui sont toutes nécessaires quand le renouvelable ne produit pas). En important ce charbon au prix du marché. En créant une pollution cancérigène. Et en mettant à la poubelle les objectifs de réduction du CO2.

Et que gagnerait-on en échange de ce cauchemar ? Une sécurité contre les accidents nucléaires ? Pour que cette sécurité soit effective, il faut supprimer toutes les centrales nucléaires, comme l’Allemagne. Car si on en garde les deux-tiers, on laisse les deux-tiers  de la population exposée au danger supposé. Est-ce bien démocratique ?

Stop aux subventions

La France, dont la production d’électricité ne produit pas de CO2, n’a vraiment aucun intérêt à installer des énergies éoliennes et photovoltaïques. Il faut que ce gaspillage soit interrompu, par la cessation du subventionnement de ces énergies renouvelables. C’est d’ailleurs la position des producteurs européens d’électricité. M. Gérard Mestrallet, PDG de GDF SUEZ et chef de file des principaux électriciens européens, a fait une déclaration explicite sur ce sujet (le 11/10/2013 à Bruxelles : « Nous demandons d'intégrer les énergies renouvelables dans le marché réel et de laisser de côté les subventions »), mais personne (aucune personnalité, aucun média) ne l’a commentée ou simplement évoquée, et le gouvernement n’a pas même eu la correction de répondre à cette demande de l’un des principaux industriels de France. 

En somme, producteurs et consommateurs d’électricité sont d’accord pour arrêter ce gaspillage, mais le gouvernement n’en a cure, il poursuit et amplifie sa gabegie, sans donner aucune explication. Quelles raisons se cachent derrière cette apparente indifférence ? Probablement de gros intérêts matériels, et de petits calculs électoraux. De plus, les partisans du renouvelable (un concept séduisant en apparence… en oubliant l’intermittence !) sont largement majoritaires dans tous les milieux. L’intox écologiste a remarquablement fonctionné, encouragée par les candidats à la Présidence de la Ré
publique en 2007, qui ont fait publiquement allégeance à un gourou incompétent.



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