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Lettre ouverte à François Hollande

4 Juin 2015
Yves Garipuy
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Monsieur le Président de la République,

Permettez-moi de vous parler franchement, en respectant votre fonction. Je m’adresse à un homme que l’on qualifie de très intelligent, et très instruit notamment en matière économique. Je ne doute pas que votre premier souci soit le succès de notre pays. Hélas, 3 ans après votre prise du pouvoir, votre échec économique est retentissant.

Faillite

Le chômage dépasse 5,34 millions de personnes, en incluant les temps partiels non voulus, soit 900 000 de plus en 3 ans. Ces chiffres reflètent une insupportable détresse pour un grand nombre de nos compatriotes. C’était aussi votre opinion, vous l’avez dit en érigeant la baisse du chômage comme premier critère de votre réussite. Avez-vous vraiment fait le nécessaire pour le faire baisser ? Croyez-vous que les emplois aidés par l’Etat soit une réponse adéquate, alors qu’il s’agit d’emplois précaires à crédit, financés par notre dette qui ne cesse de croître ? Ces emplois aidés représentent déjà 450 000 personnes, et M. Rebsamen, ministre du travail, vient d’annoncer un contrat de 100 000 emplois supplémentaires.

La croissance du chômage, si elle se poursuit, traduisant une disparition croissante d’emplois et des ressources associées, avec en contrepartie l’augmentation de la dette, conduirait notre pays à la faillite, un scénario apocalyptique, dont l’éventualité doit être considérée. Car malgré des taux d’emprunt mondiaux actuellement très bas, permettant d’augmenter notre dette de façon presqu’indolore, les intérêts de la dette sont déjà de 45 milliards d’euros par an, à comparer aux 74 Md€ l’impôt sur le revenu. Mais l’embellie actuelle sur les taux ne durera pas… surtout pour les pays non vertueux qui comme la France ne savent pas faire les sacrifices nécessaires pour réduire leur endettement. Et avec déjà 2000 milliards de dette, un taux global de 6% signifierait 120 milliards d’euros d’intérêts annuels. On est loin des 2 ou 3 milliards d’euros que l’Europe demande actuellement à la France d’économiser.

30 % de valeur ajoutée industrielle disparue depuis 1999

Certes, vous avez essayé d’assainir cette situation des finances publiques. Vous avez choisi d’augmenter les impôts : 70 milliards de plus entre 2013 et 2014. Cependant le déficit s’est maintenu à 4 % du PIB, avec une dépense publique qui est passée de 56% à 57,5% du PIB entre 2013 et 2014. Le nombre de fonctionnaires a augmenté de 100 000 de 2013 à 2014, un déni de la gravité de la situation des comptes publics, alors que dans le même temps le nombre de fonctionnaires anglais diminuait de 200 000 ! D’où vient cette augmentation des dépenses publiques ?

D’une pluie de concessions à relent électoral. Il est vrai que vous n’aimez ni les riches, ni la finance. Vous avez couvert la France de ridicule en annonçant à l’improviste un impôt de 75% sur les riches. Qui vous a valu une humiliante réponse de David Cameron qui disait lui adorer les riches (ils payent plus d’impôts et créent de l’emploi), et se disait être prêt à dérouler le tapis rouge pour la venue au Royaume Uni de riches français ! Quant à ne pas aimer la finance, qui existe depuis toujours, c’est aussi stupide que détester l’eau tiède ! Et en parallèle avec l’hémorragie des travailleurs quittant l’emploi, les usines ferment, et les territoires sur lesquels elles sont implantées s’appauvrissent.

La chute de l’emploi industriel est spectaculaire : 30 % de valeur ajoutée industrielle disparue depuis 1999, et dans le même temps 40% de chute de l’export. Certes, vous êtes loin d’être le seul responsable de cette situation, qui provient principalement des prélèvements de l’Etat sur les entreprises. En effet, ces dernières doivent acquitter chaque année : 118 Md€ pour la retraite, 54 Md€ pour les allocations familiales et 169 Md€ pour l’assurance maladie, soit en tout 341 Md€, à comparer aux 139 Md€ de la TVA et 74 Md€ d’impôt direct, soit un prélèvement total de l’Etat de 213 Md€. Les entreprises collectent donc 60% de plus que l’Etat. Par comparaison, aux Etats Unis, les entreprises ne paient d’impôt que sur leur bénéfice. Evidemment, on ne vous reproche pas le système français d’imposition des entreprises, qui existe depuis longtemps, mais le fait qu’il soit le plus élevé des pays industrialisés. Pour que l’industrie de la France survive, il est impératif de baisser ses charges. Vous l’avez amorcé très insuffisamment.

Les 35 heures et la loi Macron

Parmi les autres handicaps de l’économie qui expliquent le chômage, il y a les 35 heures, la retraite prise trop tôt et ses nombreuses exceptions, les exigences d’un droit du travail qui devient délirant, les complexités générées par l’administration, l’imposition du capital qui paralyse l’investissement. Il n’est pas étonnant que les principales entreprises du CAC40 aient la majorité de leur activité à l’étranger. Il y a beaucoup à faire, mais vous ne faites presque rien.

La fameuse loi Macron ne représente, d’après Jacques Attali, « qu’un millième de ce qu’il faudrait faire pour remettre le pays sur les rails ». Votre fringant premier ministre, Manuel Vals, tance votre majorité : « il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s’attache à un passé révolu et nostalgique, hantée par le surmoi marxiste … ». Lâchez-lui les rênes ! Mais vous ne pouvez pas, n’est-ce-pas ? Cela déplairait à une partie de vos députés, frondeurs ou écolos, et vous n’auriez plus la majorité au parlement. Alors, vous êtes paralysé. Il ne vous reste plus qu’à préparer votre réélection. Deux ans supplémentaires de chute pour notre pays. Pour rien, car avec votre bilan, vous ne serez surement pas réélu. Alors, soyez courageux et patriote, Monsieur le Président, démissionnez maintenant!

A propos de l'auteur : Yves Garipuy est ingénieur et économiste spécialisé en énergie.



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