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​Football : très chère coupe du monde

5 Mars 2018
Rémi Lepage
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La coupe du monde 2018 qui se tiendra en Russie du 14 juin au 15 juillet sera la plus chère jamais réalisée. Au total, elle devrait coûter autour de vingt milliards de dollars, soit 10 % de plus que le budget initialement prévu. Le poste de dépensé dédié aux stades a quant à lui explosé.

Explosion du budget

Lors de la présentation de son dossier de candidature, la Russie avait anticipé un coût de  de 2,8 milliards de dollars pour construire dix enceintes et rénover deux stades. Aujourd’hui, on estime que les dépenses s’élèveraient à 6,6 milliards de dollars. Parmi les deux principaux fiascos, on peut citer le nouveau stade Arena de Saint-Pétersbourg qui aura coûté 570 millions d’euros et en fait l’enceinte sportive la plus chère au monde, et la rénovation du stade Loujniki pour une facture totale de 340 millions d’euros.
 
L’envolée est telle que pour éviter l’explosion des coûts, la Russie a été contrainte d’abandonner des projets annexes comme des constructions de route ou des rénovations d’hôpitaux. Or, ce sont eux, qui permettent de booster l’économie locale sur le long terme. Contrairement aux stades, qui finissent bien souvent par dépérir faute de spectateurs. En 2016, le taux de remplissage moyen n’était que de 60 %. La hausse des capacités d’accueil ne servira donc à rien.

Le mauvais exemple de Sotchi

Pour l’économie russe, les retombées économiques sont donc loin d’être à la hauteur de cet investissement hors-norme. Les recettes générées par l’évènement devrait s’élever à seulement trois milliards d’euros. A cela, il faut néanmoins rajouter les retombées indirectes telles que le tourisme. Elle sera également doter d’infrastructures sportives de haut niveau. Le Kremlin, lui, se veut plus ambitieux. Il estime que, comme lors des Jeux olympique d’hiver de Sotchi au cours duquel il avait dépensé 36 milliards d’euros (soit sept fois plus que le budget initial), les retombées économique se mesureront sur plusieurs années, impactant ainsi la croissance à moyen terme. Un argument qui est loin d’être rassurant au vu de l’après Sotchi. En 2014, la Banque centrale de Russie estimait que le PIB du pays allait progresser de 1,8 % en raison de l’évènement. Après, difficile à dire. Peu importe les modes de calcul, on est donc bien loin du compte.
 
D’autant que l’emballement tant attendu n’a pas eu lieu. Alors que le gouvernement tablait sur un million de touristes supplémentaires durant la Coupe du monde, seulement 200 000 billets avaient vendu sur les 700 000 mis en vente. Pour comparaison, trois millions d’étrangers se rendent en Russie pour faire du tourisme. La Russie pourrait même manquer de chambre si rien n’est fait. Le gouvernement s’est voulu rassurant indiquant que  les ouvertures d’hôtels prévues dans les prochains mois suffiront à répondre à la demande. Au total, le déficit devrait se situer entre cinq et dix milliard de dollars. Comment expliquer un tel manque à gagner ?

L’omniprésence de la Fifa

En cause, la répartition des revenus qui penche largement en faveur de la Fédération internationale de football (FIFA), l’organisatrice de l’évènement. Cette dernière récolte ainsi la quasi-totalité des droits télévisés. Si aucun chiffre officiel n’a été communiqué, ils s’élèveraient à plusieurs milliards de dollars. Sur ce montant astronomique, l’organisation n’en reverse seulement quelques centaines de millions au pays organisateur et aux fédérations nationales. Lors de la Coupe du monde de 2014 au Brésil, l’Allemagne avait ainsi gagné 25,6 millions d’euros. Le seul fait de participer à l’évènement garantissait 5,8 millions d’euros au pays. Pour cette édition, les montants devraient être de la même grandeur. Les récurrentes rumeurs de corruption ont lourdement entaché l’image de la Fifa. Les soupçons de corruption ont pesé sur cette attribution. La Fifa a lancé une enquête interne et assuré qu'aucun élément ne permettait d'établir des comportements répréhensibles. Pour autant, la justice suisse a lancé en 2015 une procédure pénale pour soupçon de blanchiment d’argent et de gestion déloyale dans le cadre de l’attribution des Coupes du monde 2018 à la Russie et 2022  au Qatar. Bref, l’histoire n’est pas encore finie.
 
Et la Coupe du monde de 2022 au Qatar s’annonce encore plus incroyable. Le ministre des Finances qatarien a récemment annoncé que son pays dépensé 468 millions d’euros en moyenne par semaine pour organiser l’événement. S’il continue sur ce rythme, le coût total pourrait s’élever à 187 milliards d’euros ! Ce sera tout simplement l’événement sportif le plus cher de l’Histoire. Il faudra vendre des billets pour rentabiliser un tel investissement. Finalement, la Russie a été sage…


Rémi Lepage

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