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Vers une flambée du cours du pétrole ?

12 Juin 2012
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Prévoir le cours du pétrole à court terme est un exercice périlleux. Car le pétrole a la caractéristique des produits de première nécessité, avec une faible élasticité prix/consommation/production. De petites variations de l’offre peuvent avoir un gros impact sur le prix : une diminution de l’offre, par exemple, ne supprime pas le besoin. Ce type de produit est pain bénit pour les spéculateurs, à condition qu’ils puissent en stocker une quantité significative. Or ces stocks existent. Ceux des États Unis sont de 360 millions de barils, représentant 18 jours de consommation. Ceux de l’Arabie Saoudite sont de 80 millions de barils, soit huits jours de leur production.

Un marché opaque

Vers une flambée du cours du pétrole ?
De plus, on ne peut pas dire que la transparence caractérise ce marché. Les firmes pétrolières ont un intérêt boursier à majorer leurs réserves estimées, et c’est aussi le cas des pays producteurs pour d’autres raisons, telles qu’un quota de livraison plus élevé pour les pays de l’OPEP.

Donc ne tirons pas sur les médias, qui se contentent en général de deux types d’explication pour expliquer la variation du cours: l’évolution de l’économie générale, alors que celle-ci influe sur le marché des "futures" (comme cela a été démontré par l’IFP), le cours étant fixé par le marché « spot » qui fonctionne comme une vente aux enchères. L’autre explication, c’est l’offre et la demande. Par exemple, c’est l’explication actuellement donnée à la chute brutale du cours du brut. Le cours du fuel aurait baissé, et durablement précise-t-on même, par suite d’un ralentissement économique mondial et d’une hausse de la production de pétrole. On nous cite à ce dernier titre le retour à la normale de la production de la Lybie et de l’Irak.

C’est vrai, mais ce retour progressif, depuis un an, a été de l’ordre de 1,5 million de barils/jour, moins que les 2,5 Mb/j d’augmentation annuelle moyenne de la consommation, alors que l’Agence Internationale de l’Energie ne signale pas actuellement de réduction notable de cette consommation. De plus, le cours avait augmenté continument avant la dégringolade actuelle, comme les automobilistes peuvent en témoigner, pendant ce retour à la normale de la production de pétrole de ces pays.

Une baisse artificielle

Ce qui est frappant, dans la chute du cours actuel, est sa brutalité : il perdu 22 % pour le "light" (- 19 % pour le "Brent") entre le 3 et le 31 mai 2012. Cela rappelle l’épisode de la chute du cours fin 2008 : une chute de 75 % en 5 mois, de septembre à décembre 2008 (de 140$ à 35$, le cours du Brent actuel étant de 98$). Il avait fallu que l’OPEP retire en janvier 2009 du marché 4 Mb/j, soit 5 % de la production mondiale, pour que le cours consente à se redresser. On a expliqué à tort que cette baisse du cours était due à la crise économique des subprimes, mais dont les effets se sont plutôt faits sentir en 2009. Il s’agissait en fait d’une mise sur le marché intempestive des dernières capacités de production disponibles de l’OPEP.

Il semble que l’épisode actuel soit également artificiel. La déclaration récente du ministre du pétrole saoudien disant que ses 80 millions de barils de stock étaient pleins « à ras bord », et qu’il pouvait s’en servir si nécessaire n’était sans doute pas fortuite. On se souvient qu’une réunion sur le nucléaire iranien s’est tenue le 23 mai (elle s’est finalement révélée stérile), précédée de rumeurs disant que devant les conséquences du blocus que subit l’Iran, ce pays pourrait céder sur la bombe atomique, et il est possible que les saoudiens aient voulu faire pression sur l’ennemi iranien et sa terrible bombe, en faisant baisser le cours.

Des conséquences économiques désastreuses

Le même ministre disait aussi qu’il pouvait augmenter sa production de 2,5 Mb/j en « tournant un robinet ». Une telle augmentation soudaine de production est improbable, sachant que la production saoudienne oscille entre 9 et 10 Mb/j depuis 2000, avec un pic de 11 Mb/j en 2005. Donc si la chute des cours est due à partir du 3 mai par le déstockage de cette quantité quotidienne de pétrole, on ne pourra tenir cette cadence que 80/2,5 = 32 jours, jusqu’au 4 juin donc. Or le cours remonte depuis quelques jours…

La suite de l’histoire va s’écrire dans les jours qui viennent. Il est souhaitable que mon analyse soit incomplète (des paramètres ne me sont pas connus pour le moment), car sinon une forte hausse du brut est quasi-certaine, avec ses désastreuses conséquences économiques.


Tags : OPEP, Pétrole

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