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Brexit, deux mois après

17 Août 2016
Antoine Balduino
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Conjoncture économique, marchés actions et marchés obligataires : les experts de l’Union Bancaire Privée (UBP), Patrice Gautry, Chef économiste, Rob Jones et Scott Meech, Co-Responsables de la gestion actions européennes, et Christel Rendu de Lint, Responsable de la gestion obligataire, présentent leurs convictions sur le nouveau contexte post-référendum britannique sur le Brexit.



Malgré les résultats du référendum en faveur du Brexit, Patrice Gautry, Chef économiste, écarte la probabilité d’une récession mondiale globale. En dépit des coûts potentiellement élevés liés à l’incertitude générée sur les marchés à l’issue du référendum, les impacts du vote seront plus politiques qu’économiques. « Nous écartons la possibilité d’une récession mondiale et tablons désormais sur une croissance mondiale autour de 3 %. Elle sera donc modérée mais réelle sur fond de faible inflation », explique Patrice Gautry. Dans son scénario central, la demande mondiale est l’élément le plus susceptible de s’affaiblir. Dans un environnement conjuguant faible croissance et faible demande, la Fed a encore retardé la remontée de ses taux.

Europe et zone euro : des impacts plus politiques qu’économiques

« À l’identique, la politique monétaire menée par la Banque Centrale Européenne restera accommodante car l’inflation restera faible en Europe et il existe encore des excès de capacités dans l’industrie » affirme Patrice Gautry. L’UBP a donc simplement réduit ses anticipations de croissance pour la zone euro à 1,4 % pour 2016 et 1,3 % pour 2017 : « nous avons ajusté notre scénario central avec une croissance et un euro plus faible, et une augmentation de la prime de risque sur les titres européens liée à la remontée des incertitudes politiques en Europe » poursuit Patrice Gautry.

Pas de « big bang européen » donc dans le scénario d’UBP, tant sur le plan économique que politique, mais plutôt le risque d’une fragmentation politique de l’Union avec toujours plus de pays ou de régions risquant de réclamer, soit une sortie de l’UE, soit une reconnaissance d’un statut spécifique. Nul doute, selon Patrice Gautry, que ces débats politiques viendront interférer avec l’action de la BCE.

Récession en vue au Royaume-Uni ?

Selon lui, les seules probabilités de récession portent sur le Royaume-Uni, et non sur la zone dans son ensemble.
  • À court terme
« Sur le volet économique, à court terme, nous n’écartons pas la possibilité de chocs sur la confiance des consommateurs, le marché du travail et les décisions en termes de dépenses d’investissement et d’investissements directs en provenance de l’étranger », détaille Patrice Gautry au sujet du Royaume-Uni. Il anticipe ainsi une croissance en recul outre-Manche avec des projections revues à la baisse (1,4 % en 2016 vs les 2,3 % de 2015) ainsi qu’une forte probabilité de récession (- 1 % pour 2017) en l’absence de réelle visibilité à cet horizon. Du fait de la dépréciation de la livre sterling, l’inflation est attendue en rebond de 0 à 2 % outre-Manche, voire nettement au-dessus de 2 % en 2017.

« Dans ce contexte de recul de la croissance (voire de récession) et de rebond de l’inflation, la Banque d’Angleterre pourrait être amenée à abaisser ses taux d’intérêts de 0,50 % à 0 % et élargir son Quantitative Easing », anticipe Patrice Gautry.
 
  • À moyen terme
La mise en œuvre de l’article 50 du traité sur l’Union européenne s’inscrit nécessairement dans le temps, avec des négociations d’au moins 2 ans à la clé. « L’incertitude et l’absence de visibilité sur les marchés seront clairement alimentées par ce facteur temps incompressible et la multiplicité des sujets qui entreront en ligne de compte pendant les négociations : le libre-échange, la libre circulation des capitaux, les passeports pour les entreprises du secteur financier, détaille Patrice Gautry. Nous avons donc adopté un scénario extrêmement prudent en anticipant une croissance négative au Royaume-Uni en 2017 (-1%). » Même si l’économie britannique est l’une des plus ouvertes et des plus dynamiques de la zone, elle pourrait perdre de son attractivité au regard de ces éléments. Elle devra donc offrir un environnement économique (marché du travail, politique fiscale etc.) et une monnaie d’autant plus flexibles et avantageux si elle souhaite rester compétitive.

Actions paneuropéennes : le retour vers des valeurs défensives


Le résultat du référendum en faveur du Brexit a amené l’équipe de gestion actions européennes à ajuster son scénario de référence sur les actions. « Nous avons fait le choix de réduire notre exposition aux financières, en particulier aux banques, ainsi que notre exposition aux valeurs cycliques européennes domestiques, notamment dans le secteur de la consommation discrétionnaire, expliquent Rob Jones et Scott Meech, Co-Responsables de la gestion actions européennes.  A contrario, nous avons augmenté l’exposition de nos portefeuilles aux produits de consommation,  à la santé et aux pétrolières dans une logique défensive ».

Toutefois le report de la remontée des taux d’intérêt par la Fed figure parmi les éléments positifs à souligner pour la classe d’actifs. Les gérants restent ainsi confiants sur la dynamique des dépenses d’investissement. « Nos échanges avec les équipes dirigeantes d’entreprises nous indiquent qu’à court terme, elles estiment l’impact du Brexitassez faible sur le comportement des sociétés » ajoutent Rob Jones et Scott Meech. Avant le vote déjà, les valorisations étaient basses et donc attractives au regard des perspectives de certains titres. Il reste donc encore de belles possibilités pour les investisseurs internationaux souhaitant se positionner ou élargir leurs positions sur les marchés actions paneuropéens.

L’émergence d’un point d’entrée intéressant sur le crédit en Europe

Le scénario concernant les taux n’a pas fondamentalement évolué après le résultat du referendum. « Malgré les résultats plutôt inattendus du référendum, les marchés ont fonctionné normalement, explique Christel Rendu de Lint, Responsable de la Gestion obligataire. Il faut aujourd’hui clairement différencier ce que l’on pourrait interpréter comme l’amorce d’un scénario de récession mondiale (scénario auquel nous n’adhérons pas) et un biais favorable à un repli vers les actifs considérés comme les moins risqués, par exemple les obligations souveraines. »

La correction de marché consécutive au vote en faveur du Brexit a offert un point d’entrée intéressant sur le marché du crédit et ce d’autant que la probabilité de défaut n’a pas significativement augmenté sur la classe d’actifs. Si la volatilité va rester élevée avec, de facto, une légère hausse des primes de risque, aucun événement négatif majeur sur le crédit n’est attendu, à moins que d’autres Etats-membres historiques de l’UE émettent eux aussi le souhait d’un référendum. La stratégie centrale et les segments privilégiés par UBP n’ont pas significativement évolué pré- et post-vote : « nous continuons d’identifier les fondamentaux porteurs sur le moyen/long terme pour chaque valeur, recherchons des portages attractifs et des profils de rendements/risques intéressants qui nous permettent de conserver un maximum de liquidité tout en gérant activement le risque » détaille Christel Rendu de Lint.



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